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L’adresse web qui fit vaciller tout un empire

La Sillicon Valley chinoise a produit des entrepreneurs gladiateurs, prêts à mourir dans l’arène. Wang Xing est l’un d’entre eux. Après avoir lancé avec succès Xiaonei, une réplique chinoise de Facebook qui faillit disparaître ensuite face à son concurrent Kaixin, Wang Xing est parvenu à faire renaître de ses cendres l’entreprise en piratant littéralement la base de données utilisateurs de son rival et surtout en dupant les utilisateurs eux-mêmes.

 

 

La Silicon Valley chinoise est une arène où tous les coûts sont permis. Wang XING est l’un de ses gladiateurs les plus endurants. On le dit même immortel. Son premier coup d’éclat fut de lancer une version chinoise de Facebook : Xiaonei. Sans aucun scrupule, Wang XING réalise un copier-coller de Facebook qu’il adapte aux spécificités de l’Empire du milieu. La copie est tellement fidèle à l’original que le code du site de Xiaonei fera apparaître pendant des années la mention : pages développées par Mark Zuckerberg. Il revend son entreprise en 2016 et le site prend en Chine une place comparable à celle occupée par Facebook au Etats-Unis. Entre temps, le site a été rebaptisé Renren (signifiant « Tout le monde » en chinois).

 

Deux ans plus tard, le site Renren doit faire face à un très sérieux concurrent : Kaixin001 (« Kaixin signifiant heureux en mandarin). La stratégie de Kaixin001 est de cibler les jeunes urbains plutôt que les étudiants déjà utilisateurs en masse du site Renren et de proposer en plus des fonctionnalités classiques d’un site social, des jeux. Son plus grand succès s’appelle Steal Vegetable, une imitation de Farm Ville, dans laquelle il n’est plus question de cultiver un jardin en coopérant avec les autres mais au contraire de s’enrichir en volant des légumes dans les jardins des voisins. La croissance de Kaixin001 explose et bat des records jamais vus en Chine. Le site est considéré comme le nec plus ultra du moment, mais il y a un hic. Son fondateur n’est pas un gladiateur.

 

Au moment de la création du site, son fondateur cherche naturellement acquérir l’adresse www.kaixin.com mais elle est déjà déposée. Trop chère à l’époque pour être rachetée, il se contente alors de www.kaixin001.com, entrant ainsi dans le Colisée sans bouclier. Une erreur qui lui coûtera son empire. Il ne reste plus à Wang XING que de racheter l’adresse www.kaixin.com, de copier le site au pixel près comme il l’avait fait pour Facebook et de pousser le vice jusqu’à baptiser son site clone : Le vrai Réseau Kaixin. Mieux référencé par les moteurs de recherche parce disposant de l’adresse web www.kaixin.com, le faux site, est pris pour le vrai par tous les internautes croyant s’inscrire sur Kaixin001. Quelques manœuvres pour envoyer des messages aux utilisateurs historiques du véritable site Kaixin001, les invitant à mettre à jour leurs profiles, permettent de les faire s’inscrire sur le faux site Kaixin (doté de l’adresse www.kaixin.com). Un peu plus tard, Wang XING n’a plus qu’à forcer la main du créateur de Kaixin001, pour opérer une fusion des deux sites, avalisant pour de bon le remplacement du vrai site Kaixin001 par son successeur Kaxin.com.

 

Les utilisateurs assistèrent de loin à ce combat de gladiateurs qui se poursuivi hors de l’arène, dans les tribunaux. Dix-huit mois plus tard, Wang XING est condamné à versé 60 000 dollars à Kaixin001, devenu l’ombre de lui-même depuis, et Kaixin.com l’usurpateur fait son entrée à la Bouse de New York en levant 740 millions de dollars de capitaux.

 

De cette histoire, que des observateurs de la Silicon Valley chinoise jugeraient parfaitement commune, un espoir pour l’occident pourrait naître. Les terribles ambitions de la Chine en général et dans le digital en particulier, allant bien au delà des frontières du pays, pourraient être retardée par la nouvelle guerre des seigneurs que s’y livrent ses entrepreneurs. Avec Sun Tsu pour rappeler que nulle conquête en dehors de son royaume ne doit être entreprise, tant qu’une paix durable et maîtrisée règne à l’intérieur.