Trois enseignements que l’entreprise pourrait tirer de la Gig Economy
Les 150 millions de personnes qui constituent la Gig Economy ont fait évoluer le travail. Trois de leurs pratiques méritent d’être explorées et pourquoi pas un jour, instaurées en entreprise.
La Gig Economy se définie comme l’ensemble des travailleurs indépendants, une classe montante, formée de free-lances, de micro entrepreneurs, de personnes travaillant à domicile pour le compte d’entreprises (designer, développeurs informatiques, conseillers, etc.). Ils seraient 150 millions aux Etats-Unis et en Europe, selon une étude récente de Mc Kinsey
L’observation fait ressortir trois points communs chez celles et ceux qui remplissent les rangs de cette nouvelle manière de travailler.
- Tout d’abord, l’observance de rituels. Les uns feront de la méditation tous les matins avant de commencer leurs journées de travail. Les autres iront acheter le pain à la première heure ou prendre un café dans un bistrot qu’ils affectionnent, ou passeront vingt minutes sur les réseaux sociaux. D’autres, travailleront deux heures avant d’aller faire leur séance de running quotidienne à 11 heures. Tels les écrivains, que l’on croit souvent fantasques et bohèmes, les membres de la Gig Economy ont en réalité des journées de travail bien remplies et très bien réglées. Ils parlent d’ailleurs volontiers d’habitudes, de routines, de rituels, de petits moments à eux.
- Ensuite, l’aménagement de leur environnement de travail. Parfois réduit à une toute petite pièce, voire à un simple bureau dans un coin de pièce ou occupant un espace plus vaste, le poste de travail des membres de la Gig Economy sera toujours très organisé et surtout personnalisé. Les uns y mettront des fleurs, qu’ils remplaceront régulièrement (un rituel de plus), les autres des objets d’art qu’ils aiment, des objets plus anodins mais auxquels ils tiennent, des souvenirs de voyage (coquillage, sable provenant du désert, eau du Gange), de beaux livres… Difficile de se lever le matin et de se mettre au travail alors qu’on est seul. Les membres de la Gig Economy privilégie tout ce qui peut leur donner envie de s’asseoir et de se mettre au travail.
- Enfin, l’obsession de l’actualisation de leurs compétences. L’isolement peut assécher. Les membres de la Gig Economy l’ont compris et n’ont de cesse de veiller à mettre à jour leurs connaissances, développer régulièrement de nouveaux savoir-faire, actualiser leurs compétences… organiser leur propres développement personnel et professionnel. Ils s’auto-forment, lisent beaucoup, multiplient les occasions d’apprendre, provoquent les rencontres utiles, ciblent les découvertes stimulantes, recherchent les projets inspirants.
Pendant ce temps, dans l’entreprise, on rivalise d’inventivité pour aménager les espaces de travail, favoriser la collaboration, améliorer la productivité, développer le bien-être. Mais nul ne semble avoir songé à simplement demander aux principaux concernés, les collaborateurs, ce qui leur conviendrait le mieux. L’observation de la Gig Economy fait ressortir au moins trois enseignements que les entreprises pourraient tirer, bien que difficiles à mettre à profit dans l’immédiat :
- Un besoin de s’aérer, de sortir, de s’éloigner (même peu de temps mais régulièrement) de son lieu de travail, de faire un véritable break et non une partie de baby-foot, certes sympathique, mais disputée encore une fois sur le lieu de travail. Un point en parfaite opposition avec les usages, les conventions et les règlements intérieurs de nos entreprises.
- L’importance de l’individualisation du poste de travail, de son appropriation et de sa pérennité. Un élément bien éloigné de la standardisation des espaces de travail, répartis en open spaces dans lesquels chacun peut voir que son voisin, est tout comme lui, bien dans le même moule.
- Une capacité de l’individu à prendre en charge sa propre évolution professionnelle en déterminant par lui-même les domaines dans lesquels il pense devoir s’améliorer, le niveau exact de ses compétences, le temps qu’il doit y consacrer, les modalités qu’ils soit privilégier, etc. Un aspect contraire à la gestion classique des ressources humaines qui se veut souvent descendante.
Les 150 millions de personnes qui constituent la Gig Economy pourraient bien inspirer les entreprises et les aider à faire évoluer leurs pratiques. A moins que le monde du travail se scinde en deux univers. le premier dans l’entreprise. Le second hors de celle-ci. Mais au fait, où est-ce que le collaborateur est le plus productif en définitive ?