L’habit ne fait plus le moine en entreprise
Les codes vestimentaires des entreprises sont en passe d’être ringardisés par un autre code, informatique cette fois-ci. BYOD, le mot est lâché. Un acronyme qui signifie Bring Your Own Device, autrement dit : Apporte Ton Propre Matériel, en français. En s’outillant de plus en plus eux-mêmes en matériel, solutions et applications nécessaires à leurs métiers, à leurs propres frais, les travailleurs du 21ème siècle complexifient la donne.
Notre employeur ne nous dicte pas et finance encore moins notre garde-robe. Pourtant, il convient d’assortir celle-ci à notre secteur d’activité, à notre fonction, à notre métier. Les dress codes, souvent implicites, continuent à réguler les modes en entreprise.
On ne s’habille pas de la même manière selon que l’on travaille dans une banque d’affaire, en entrepôt logistique, ou en boutique. Notre garde-robe doit aussi s’ajuster à notre statut dans l’entreprise. Certaines aisances vestimentaires, comme « tomber sa veste » pour un homme, seront tolérées chez un employé mais pas chez l’un des membres dirigeants de la société. Le métier que nous faisons induira aussi nos choix, surtout si nous rencontrons des personnes extérieures à l’entreprise et notamment des clients.
Hier encore, lorsque nous quittions définitivement l’entreprise, suite à une démission par exemple, en emportant nos chaussures, notre sac et nos vêtements, l’impact pour la société était nul, sur ce point. Avec la montée en puissance du Phénomène IOWA, chaque départ n’en est rendu que plus complexe : que vont devenir les informations, les documents, les données récupérés sur les équipements apportés et détenus par le salarié et qu’il n’oubliera pas d’emporter avec lui?
En arrière-plan de ce nouvel usage, tout un chacun est de plus en plus équipé, non plus seulement de matériel (smartphone, etc.) mais d’accès à des services à titre personnel, qu’il nous faut bien souvent utiliser dans le cadre de notre mission en entreprise, pour pallier aux impossibilités et aux empêchements rencontrés au sein de celle-ci : un service de transfert de fichiers volumineux comme WeTransfer, une solution de gestion de projet comme BaseCamp, une solution de partage d’écran comme Join.me, un système de téléconférence comme Skype, un espace de stockage de fichiers comme Dropbox, des solutions de sauvegarde de son disque dur comme Google Drive. Or, quand nous quittons l’entreprise, pourquoi restituer les codes d’accès à des services souscrits avant notre arrivée dans l’entreprise et à titre individuel ? Comment transmettre des documents à des collègues non équipés pour les lire? Exemple, une présentation réalisée avec Prezi, que Power Point sera bien incapable de lire, etc. Comment faciliter la reprise du poste par un successeur qui ne croisera souvent pas celui ou celle qu’il remplacera ?
La frontière entre la sphère privée et la sphère professionnelle tend à devenir de plus en plus poreuse. Elle fut d’abord sociale avec des vacances passées à la même station de sport d’hiver que des collègues, un supérieur invité à dîner avec son épouse à la maison, un jogging avec un client le dimanche matin, des parties de jeux en réseau entre collègues hors des horaires de travail. Elle devient technologique avec les smartphones, les clés USB, les ordinateurs, que nous introduisons ou voyons entrer dans nos entreprises. Elle deviendra numérique avec les outils digitaux qui nous font nous transformer en des artisans, attachés et propriétaires de leurs propres outils.