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Vaudeville au Trésor Public

Les sites comme Alibi Express ou Alibi Béton, destinés à fournir des alibis aux époux infidèles, pourraient bien se faire tromper à leur tour. Et si les entreprises se mettaient à les utiliser pour se fabriquer de fausses preuves, destinées à justifier de faux frais, pour payer moins d’impôts ?

 

Meetic a sans doute brisé autant de couples qu’il n’en a créés. Dans sa foulée, ont proliféré des sites comme Alibi Express, Alibi Béton ou autres Faux-alibi.com, qui permettent de se constituer de fausses preuves, pour masquer une relation extra-conjugale.

 

Imaginez Patrice, directeur commercial de 45 ans, sportif, dynamique, encore bel homme et souvent appelé hors du foyer par le devoir professionnel. Les sites de création d’alibis lui apporteront, contre rémunération notamment, toutes les preuves matérielles lui permettant de justifier de faux déplacements, auprès de son épouse. Des billets d’entrées à un salon professionnel en province, des billets de train, des notes d’hôtels et de restaurants des plus crédibles lui seront fournis afin qu’il puisse prétexter d’une absence de quelques nuits, en région Rhône-Alpes. Des faux SMS de son patron (dont il aura communiqué le prénom au site) du type « Suis arrivé à Orly. Je t’attends devant le Terminal C. Paul » ou « Je connais un super bouchon Lyonnais : le Bourre Pif. On s’y retrouve à 20H ? », lui seront même envoyés. Toutes les dates, tous les lieux, tous les noms des restaurants et même les dates du salon concorderont. En réalité, Patrice n’aura pas quitté la région parisienne et batifolera.

 

Imaginez à présent un entrepreneur peu scrupuleux, comme la France en compterait apparemment beaucoup, et penchant volontiers vers l’optimisation fiscale, utilisant ces mêmes sites, non plus pour justifier d’une relation extra conjugale, mais pour faire croire à de supposés déplacements commerciaux en province pour rencontrer d’imaginaires prospects, donnant lieux à des frais de déplacements (avion, train, taxis) et d’hébergement, à des invitations au restaurant, à des participations à des évènements payants, etc.

 

Et imaginez maintenant la femme légitime de notre entrepreneur démasquant le subterfuge. Fera-t’elle une scène de jalousie à son mari volage ? Comprendra-t ’elle le véritable objectif de sa démarche et s’empressera-t’elle de le couvrir lors d’un contrôle fiscal, pour mieux protéger son homme, son ménage et leurs affaires ? Trompera-t’elle au contraire son mari en feignant la jalousie, alors qu’elle ne se sait pas trompée, pour se faire offrir de nouvelles robes pour qu’elle lui pardonne ?

 

 

Les ingrédients du vaudeville sont réunis. Et comme, il se doit dans ce type de pièce de théâtre, le dénouement sera heureux, sous les yeux d’un mari aussi naïf que cocu. Sauf qu’ici, le cocu sera l’Etat, trop occupé par des affaires plus sérieuses et loin d’imaginer qui se cache dans le placard.