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Spacees, le chaînon manquant entre management et flex-office

Le flex-office est l’avenir du travail nous dit-on. Mais les managers manquent encore d’outils pour organiser les plannings, les partager facilement avec leurs équipes, et suivre les différents lieux de travail de leurs collaborateurs. Comment s’organiser et retrouver ses collègues quand cela devient nécessaire ? Spacees, le smart planner, créé par dev-id suite au premier confinement, apporte la solution. Interview des co-fondateurs Julien Lescoulié, Arnaud Mun et Diana Bajora.

 

 

Bonjour Diana, Julien et Arnaud, quel problème vous proposez vous de résoudre avec votre start-up ?

 

Julien : Depuis mars 2020, l’organisation du travail s’est transformée, à cause de 2 éléments majeurs, contradictoires :

> l’impossibilité pour les salariés des entreprises de venir tous les jours au bureau

> mais la nécessité de travailler ailleurs que de chez soi pour éviter l’isolement, l’inconfort, et surtout garder les liens humains et l’esprit d’équipe, essentiel pour que toute l’entreprise avance dans le même sens.
Donc pour concilier ces deux contraintes, de plus en plus d’entreprises adoptent le flex-office, c’est-à-dire la possibilité pour les salariés de travailler depuis plusieurs endroits différents, que ce soit l’entreprise, la maison, ou des espaces de co-workings. Mais les managers manquent d’outils pour organiser les plannings, les partager facilement avec leur équipe, et suivre les différents lieux de travail de leurs employés. C’est cette problématique d’organisation couplée au besoin de retrouver ses collègues qu’adresse Spacees, le smart planner que nous avons créé suite au 1er confinement.

 

Quelle est votre recette magique ?

 

Arnaud : Comme toutes les entreprises, nous avons été confrontés à cette problématique ; mais nous sommes des designers et des développeurs, et nous avons donc choisi, plutôt que d’utiliser un fichier excel peu interactif et difficilement partageable, peu ergonomique, de créer notre propre outil adapté à nos besoins, c’est-à-dire une application mobile, intuitive, accessible par tous, tout le temps, qui organise le flex-office dans notre entreprise de façon automatique. L’énorme avantage côté utilisateur, c’est de voir en un clin d’oeil qui sera présent au bureau demain. Dans l’équipe on a un vrai plaisir à retrouver nos collègues, à échanger, discuter, collaborer tout en maintenant au maximum le télétravail pour les tâches qui peuvent être effectuées en autonomie.

 

 

Pourriez-vous me parler d’un sujet relatif à votre domaine, que nous ne connaissons pas et nous apprendre quelque chose à son propos ?

 

Diana : On s’insurge contre l’alternance, malgré les efforts de l’état pour la promouvoir ! D’ailleurs si tant d’aides sont versées actuellement pour le recrutement d’alternants, c’est bien qu’il y a un problème d’offre et de demande, qui a certes été accentué par la crise sanitaire, mais qui était déjà présent avant. Les entreprises sont frileuses pour plusieurs raisons : c’est un engagement trop important (2 ans avec le mauvais casting, c’est douloureux !), parce qu’il n’y a aucune garantie que l’alternant reste au bout de 2 ans de formation, supervision, encadrement, donc retour sur investissement nul pour l’entreprise et retour à la case départ, parce que le gap entre ce qui est enseigné à l’école et ce qui est demandé sur le terrain est énorme et qu’il n’y a pas de cohésion entre les deux mondes, parce que souvent l’alternant rate les moments forts de l’entreprise et ne se voit pas confier les dossiers intéressants ou importants en raison de son rythme de présence. Il y a d’autres solutions bien plus pragmatiques et professionnalisantes pour booster la formation et l’emploi des jeunes, comme le compagnonnage.

 

Julien : Le niveau des développeurs est un sujet sensible. Et si on veut, dans son entreprise, de très bons professionnels, alors ils doivent forcément passer par une étape de formation. La qualité de votre produit digital, la satisfaction utilisateurs, et la rentabilité de votre entreprise sont directement liés au niveau de compétences techniques des développeurs ! Quand nos clients atteignent une phase de croissance, ils doivent recruter pour maintenir la qualité du produit et continuer à le faire progresser. Et souvent ils misent sur de l’alternance parce que le coût est moindre. Mais c’est souvent un mauvais choix ! On a reçu à plusieurs occasions des produits digitaux, codés par des débutants non encadrés, et qu’on a dû reprendre à zéro !
C’est pour ça qu’on a créé la dev-id academy, sur le principe du compagnonnage. C’est la transmission des savoirs qui est primordiale, la formation sur une spécialité (le code, c’est vaste !), l’apprentissage auprès de professionnels chevronnés.

 

Quelle question sur votre projet aimeriez-vous qu’on vous pose ?

 

Julien : à quoi ressemble l’entreprise de demain ? On travaille avec énormément de clients, du porteur de projet à la très grande entreprise, et on voit parfois chez certains de nos clients des process et des méthodes d’organisation qui nous étonnent encore. Après ce qu’on a traversé avec la crise sanitaire, avec l’arrivée sur le marché du travail de la génération Z, on voit que l’entreprise de demain a besoin d’être résiliente, engagée, agile, souple, et libérée. Beaucoup de managers ont eu du mal à installer (et garder) le télétravail à cause d’un problème de confiance envers leurs équipes, alors même que la base d’une entreprise qui progresse est l’engagement des employés. Or sans confiance des managers, pas d’implication des collaborateurs. C’est pour ça que Spacees est destiné en particulier à toutes ces entreprises tournées vers les nouveaux modes d’organisation, car la solution propose beaucoup de souplesse dans la gestion des plannings, basée sur la confiance des managers envers leurs équipes, et c’est également un vrai outil de pilotage pour optimiser son immobilier dans une logique d’éco-responsabilité.

 

Quelle entreprise, autre que la vôtre bien sûr, auriez-vous été fier de créer et pourquoi ?

 

Julien : je pense aux entreprises de certains de nos clients, qui partagent avec moi une vision de l’avenir, qui s’impliquent dans ce que j’appelle « sauver le monde » ; des produits au service de l’éducation des enfants, au service de la mobilité, qui permettent de changer les façons de vivre, d’apprendre, d’éduquer.

 

Arnaud : Swile ! Cette entreprise a créé une révolution dans son domaine, je trouve ça innovant, disruptif, et écologique.

 

Diana : j’ai un faible pour toutes les solutions qui soutiennent l’empowerment féminin, que ça soit dans la vie personnelle (sororité, épanouissement sexuel), ou dans la vie professionnelle. On a beaucoup progressé sur le sujet ces dernières années, mais il reste du chemin à parcourir pour atteindre une véritable égalité hommes-femmes, en particulier dans les sujets de la tech.

 

Quel message feriez-vous passer si vous deviez donner une conférence à TED ?

 

Julien : L’aspect délétère de la résistance au changement ! L’inertie, la non-capacité des gens à changer leur mode de vie amènera la fin de l’humanité. Alors que pourtant de très belles initiatives fleurissent et apportent de vraies solutions à nos problématiques sociétales, globalement l’intégration de ces changements reste trop lente ou trop à la marge.

 

Diana : J’aimerais que notre système éducatif soit plus réactif, plus vivant. On a accès à beaucoup de données, grâce aux neurosciences, sur le fonctionnement du cerveau, les meilleures techniques d’apprentissages, et malgré ces connaissances, notre système éducatif garde un côté archaïque, qui n’applique pas ces principes. C’est tellement dommage que les actions modernes et originales restent marginales et ne soient pas prises en compte plus rapidement dans un plan national.

 

Arnaud : Est-ce qu’on réussit à cause de la chance, ou grâce à notre volonté de réussir ? Autrement dit, à quel point peut-on influer sur les évènements externes pour atteindre nos objectifs ?

 

Quels sites trouve-t-on dans vos favoris ?

 

Julien : des sites de coding comme stackoverflow ! Mon équilibre vient du fait que je ne distingue pas tellement ma vie perso de ma vie pro. Tout est imbriqué, ce qui fait que je n’ai pas l’impression de travailler quand je suis au bureau par exemple. Je suis passionné de tech, et mon travail suit naturellement mes centres d’intérêt.

 

Diana : J’ai un goût prononcé pour le sport, et les activités de plein air, type escalade, randonnée, paddle… Mais je rejoins Julien sur le mélange de vie perso et pro. Le fait d’avoir fondé cette entreprise entre amis est un facteur qui compte beaucoup aussi, parce que le travail n’est pas vu comme une contrainte mais comme des moments partagés avec des gens qu’on apprécie.

 

Merci Julien Lescoulié, Arnaud Mun et Diana Bajora.

 

Merci Bertrand