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Manipulation masquée : Comment l’IA réalise la prophétie de Galbraith

La démocratisation de l’IA permise par quelques géants de la tech offre une démonstration percutante des thèses de John Kenneth Galbraith sur la « fraude innocente », soulignant l’écart grandissant entre les promesses de bien-être économique et la réalité d’une concentration de pouvoir et de profit.

 

 

Dans son ouvrage « The Economics of Innocent Fraud », John Kenneth Galbraith décrit avec perspicacité comment les mécanismes économiques, présentés comme naturels et inoffensifs, cachent des pratiques qui privilégient l’élite au détriment du grand public (1). Aujourd’hui, plus de deux décennies après la publication de ce livre, les corporations technologiques dominantes incarnent peut-être le meilleur exemple de cette théorie.

Une nouvelle ère de domination

Le mirage de la bienveillance

Les géants de l’IA, tels que Google et Facebook, se présentent comme des champions de l’innovation au service de la société. Cependant, ces entreprises modèlent des écosystèmes numériques qui favorisent avant tout leur croissance et leur influence, souvent au détriment de la vie privée et de l’équité économique.

L’économie du clic

Derrière les interfaces utilisateurs attractives se cache une machinerie conçue pour maximiser les profits par la surveillance et la manipulation des comportements utilisateurs—une pratique loin de l’auto-régulation des marchés vantée par les théories économiques traditionnelles.

Les illusions de l’autonomie

La prétendue « démocratisation » de l’intelligence artificielle masque une centralisation du pouvoir technologique, où quelques entreprises contrôlent les technologies qui devraient, en théorie, bénéficier à tous.

Les implications d’une surveillance omniprésente

La promesse de l’IA améliorant objectivement nos vies est remise en question par la réalité d’algorithmes conçus pour prédire et influencer nos choix les plus intimes, illustrant ainsi la perversion du but économique mentionnée par Galbraith.

Vers un futur incertain

Les exemples contemporains des géants de l’IA confirment la pertinence persistante des observations de Galbraith. Ils nous invitent à réfléchir sur les régulations nécessaires pour aligner véritablement la technologie avec l’intérêt général.

Loin d’être des anomalies, les pratiques des géants de l’IA représentent une manifestation moderne de la fraude économique « innocente » que Galbraith avait prédit. Ce constat devrait nous inciter non seulement à une vigilance accrue mais aussi à une réforme significative de la manière dont nous concevons le contrôle et la régulation économiques dans l’ère numérique.

 

 


Notes

1. Galbraith, J. K. (2004). The Economics of Innocent Fraud: Truth for Our Time. Houghton Mifflin.

2. John Kenneth Galbraith (1908 – 2006) était un économiste reconnu pour ses idées progressistes et son approche critique de l’économie conventionnelle. Galbraith a enseigné à l’Université Harvard pendant de nombreuses années et a été activement impliqué dans la politique américaine, servant dans les administrations de plusieurs présidents américains, notamment Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman, John F. Kennedy, et Lyndon B. Johnson.