La révolution numérique de demain Et les lendemains de la covid-19
septembre 20, 2022
Issue de l’art de la guerre, la stratégie d’entreprise s’est cristallisée dans le prestigieux cénacle de l’université de Harvard, sous la coupe de Michael Porter. Étudié, adulé, enseigné, ce dernier a échafaudé les bases de sa réflexion dans un monde et à une époque, assez proches de nous, mais qui ont littéralement changé à cause des nouvelles technologies, notamment.
Autrefois, il n’y a pas si longtemps pourtant, il y eu tout d’abord Monsieur P…, ou Monsieur Michael Porter, pour ne pas le nommer. Grand chantre de la stratégie, ses travaux le conduisirent à constater qu’une entreprise a toujours à choisir entre trois stratégies possibles :
Puis, il y eut Madame R… ou Madame la Réalité pour ne pas la citer qui se rappelle toujours à notre bon souvenir quand nous nous avisons de l’oublier. Elle nous signala que deux autres stratégies tendaient à se répandre :
Les acteurs de la nouvelle économie s’orientent quant à eux à l’aide d’une nouvelle carte stratégique dont la boussole pointe constamment en direction de l’innovation. L’innovation est alors entendue comme l’une des conditions de survie de l’entreprise. Par conséquent, jamais l’innovation n’a autant préoccupé qu’aujourd’hui, sans qu’il y ait pour autant one best way pour mettre une entreprise sur la voie qui la rendra possible.
La preuve, en l’espace d’une quinzaine d’années, cinq familles de stratégies d’innovation des plus diverses, à l’initiative d’entreprises appartenant à des secteurs d’activités différents et dotées de culture d’entreprises que tout oppose, ont émergé :
L’uberisation ne se contente pas de déstabiliser des secteurs économiques entiers mais s’attaque aussi à la stratégie d’entreprise. Et l’exemple d’Uber, pour le démontrer, ne pouvait pas mieux tomber.
Dans un monde qui change tellement vite (à coups d’intelligence artificielle, d’impression 3D, d’holacracy, d’algorithmes, de big data, de réalité virtuelle, d’e-santé, de remote…) la société Uber est face à de nouvelles options stratégiques qui ne rentrent plus dans le carcan des matrices et des canevas qui précèdent.
Première option, la capillarisation : Uber est bien plus qu’un service de transport en voitures de particuliers. En réalité, les compagnies de taxis sont à Uber ce que les livres étaient à Amazon.com : un produit simple et idéal pour démarrer un nouveau business avant de lancer d’autres lignes de produits sur le même modèle. La véritable force d’Uber est certes sa flotte, non plus de voitures, mais de 2 millions de chauffeurs. Et dans le même esprit, la société a déjà lancé de nouveaux services incroyables tels UberCopter (disponibles à Cannes) qui permet de prendre un hélicoptère, Uber X ou Uber Black.
Deuxième option, la bataille du dernier kilomètre logistique contre Amazon.com : En parallèle, la société a testé UberFRESH en Californie, un service de livraison de produits alimentaires, UberRush à Manhattan, un service de coursiers express, UberEssentials, un service de livraison de courses basiques. Bref, Uber s’est engagée dans la bataille pour le dernier kilomètre logistique contre Amazon. Là où la société de Jeff Bezos envisage de livrer les particuliers au moyen de drones, Uber imagine déjà permettre à tout un chacun de livrer des colis commandés via des sites e-commerce d’un point A à un point B. Dit autrement, bientôt vos enfants récupéreront, non loin de leurs collèges ou lycées, des colis qu’ils déposeront en trottinettes, skates ou Velib’ à des particuliers se situant sur le chemin de leurs écoles. Le tout sous l’œil ébahi de FedEx, UPS et Chronopost.
Troisième option, l’auto-disruption : une stratégie pour Uber qui reviendrait à remplacer les actuels véhicules conduits par ses chauffeurs, par des voitures autonomes et sans conducteurs.
Puisque que tout va désormais plus vite, les erreurs seront plus douloureuses et les accidents stratégiques plus violents encore. Les risques de sorties de routes, de dérapages non contrôlés et d’aquaplaning stratégiques augmenteront dans cette course de vitesse où l’adaptation permanente est devenue indispensable. Pour l’heure, Michael Porter a fait prendre un virage à ses recherches en se focalisant sur le système de santé américain. Faut-il croire que le père de la stratégie d’entreprises anticipe les accidents ?