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La solitude du dirigeant d’entreprise face à sa page Linkedin

Lorsqu’une entreprise lance le blog, la newsletter, la page Linkedin de son dirigeant, elle ne sait généralement pas qu’elle le condamne à un parcours psychologique difficile, rempli de pièges et particulièrement difficile à surmonter.

 

Un chemin semé d’embûches

L’ère est à la mutation de la communication. Au rang des nouveautés : le blogging d’entreprise. Et l’impératif pour un dirigeant, d’avoir son propre blog pour continuer à jouer son rôle de premier porte-parole de l’entreprise, s’affirme en creux.
Poussé à franchir le pas et à ouvrir un blog, son département communication, lui-même encouragé par des agences en tous genres, observé par un écosystème complexe (actionnaires, clients, concurrents…), épié par ses rivaux, écouté par ses salariés, le dirigeant s’apprête sans le savoir à s’aventurer sur un chemin de croix.

 

Le syndrome de l’imposteur


Dirigeant ou pas, il n’est qu’un homme. Sa réussite n’atténue pas des complexes, des failles, des peurs, de subsister par ailleurs. S’il s’évertue à les masquer, notre dirigeant s’interrogera d’abord sur sa légitimité) écrire sur un blog. Toutes les questions qu’il posera ne seront que le prétexte à la dissimulation d’une peur : celle de ne pas bien faire, celle de s’exposer et de prêter le flan à des critiques, celle d’apporter la preuve de son appartenance à une génération qui a en partie manqué la révolution digitale. Notre dirigeant n’avait pas signé pour ça. En même temps, il y verra aussi son intérêt : rester dans le coup, réaffirmer son autorité, se doter d’une nouvelle arme… car la communication participe de la guerre économique.

 

La blessure narcissique


Une fois le blog lancé, notre dirigeant s’empressera de demander les statistiques : « Alors, combien de gens ont lu mon dernier billet ? ». C’est là qu’il constatera, à défaut de l’admettre, qu’un nouvel article, un blog de plus ou un simple site web, n’est rarement autre chose qu’une bouteille à la mer. Oui, les yeux du monde n’étaient pas rivés sur lui, pas plus que sa parole n’était attendue comme celle du messie.

 

Le rendez-vous avec soi-même


Voici donc notre dirigeant face à son blog que son département communication l’a poussé à créer, s’entend dire qu’il faut publier très fréquemment des articles qui feront la différence. Manque de temps certes. Mais aussi manque d’expérience de l’écriture. Et puis peut-être, manque tout bonnement de choses à dire sur l’entreprise, son secteur, son évolution. Tout dirigeant n’est pas nécessairement un visionnaire, un prophète, un Moïse guidant un peuple vers son destin.

 

La rédemption


Les pages, laissées en blanc, du blog finissent par faire tâches. Heureusement, la dure loi du référencement naturel, finit par les effacer de la carte et de les reléguer à un oubli, qui arrangera tout le monde en général mais aussi notre dirigeant. Ses apôtres qui l’ont, sans le réaliser, jeter entre les mains de ceux qui ne voulaient pas le voir réussir peinent à le défendre. Les disciples sortes des rangs qui commençaient à peine à se former pour aller entendre la parole d’autres meneurs. L’humilité accours au secours de notre homme et lui rappelle combien il n’est que poussière.

 

 

Le digital est un média de l’écrit. Chaque page consultée, chaque site, chaque application est la résultante du travail d’écriture (en langage informatique) de codeurs. Leurs parties visibles, le résultat du travail de professionnels du web ou bien de particuliers remplissant Internet de toujours plus de contenu. Pendant ce temps, au milieu du bruit, la voix silencieuses de nombreux dirigeants ne se font pas entendre, faute d’avoir trouvé une solution à cet épineux problème.