Electricité – L’innovation sous tension
Les secteurs les plus à la pointe sont aussi ceux qui innovent le plus (nouvelles technologies, médecine, numérique, biotechnologies…). Pourtant les industries qui reposent tout entières sur des technologies très anciennes constituent de formidables réservoirs d’innovations potentielles. En avant pour une décharge électrique d’innovations.
Vieille de plus d’un siècle, l’électricité a modifié le monde autant que le numérique. Marshall McLuhan voyait en elle la plus fondamentale des révolutions, loin devant celle de l’imprimerie[1]. Reléguée au rang des technologies du passé, qualifiée de simple commodité, l’électricité pourrait sembler condamnée à un avenir tranquille. Le secteur qu’elle a d’ailleurs créé n’innove qu’à une cadence relativement modérée, souvent obligé de le faire, sous le coup de nouvelles réglementations. Pourtant, si l’on branche la créativité sur le secteur, les idées s’enchaînent :
- Un macaron à coller sur le pare-brise de son véhicule, offrant le droit pour les électriciens de se garer même à des endroits interdits, comme les médecins.
- Une application mobile réservée aux électriciens, permettant de localiser le confrère le plus proche, pour qu’il vous dépanne d’une pièce manquante. L’application permet de noter les bons et les mauvais élèves du système.
- Une borne permettant à un électricien de réaliser un diagnostic de l’installation électrique du client, lorsqu’il arrive sur le lieu d’intervention… et d’intervenir en conséquence.
- Un annuaire en ligne, permettant aux installateurs de se noter les uns les autres et de se cautionner mutuellement, afin de fournir aux particuliers un listing des intervenants dignes de confiance.
- Un formulaire sur Internet, contrôlé par un tiers de confiance, permettant à un électricien de proposer le nom d’un confrère à blacklister.
- Un label transmissible de père en fils. Le père s’engageant à respecter un certain nombre de phases, de règles et de normes, avant de pouvoir transmettre sa certification à sa progéniture.
- Un label rendant les électriciens éligibles au droit de vendre un abonnement aux particuliers. Le particulier signe un contrat d’abonnement de 25 € par an. En contrepartie, l’électricien s’engage à intervenir dans les 3 heures suivant un appel du client.
- Un pictogramme apposé sur le matériel installé et certifiant que ledit matériel protège la vie privée des particuliers en ne collectant, ni ne diffusant, aucune donnée les concernant.
- Pour les entreprises, un pictogramme apposé sur le matériel installé et certifiant que ledit matériel ne collecte ni ne diffuse aucune des données circulant au sein de ladite entreprise.
- Un QR Code, scannable par l’électricien et/ou le client, uniquement lorsque le matériel est déballé, afin de prouver l’installation effective d’un équipement respectant certaines normes (écologie, sécurité, etc.) et permettant à l’électricien et/ou au client de cumuler des points donnant des avantages.
- La mise à disposition par la fédération professionnelle du secteur, via son site web, d’une solution de dépannage à distance permettant aux particuliers de filmer avec leur smartphone ce qu’ils voient, afin qu’un électricien, bénéficiant du service parce qu’il est certifié, puisse intervenir à distance.
- La fourniture sur les réseaux sociaux professionnels, sous formes d’infographies, d’une « météo de l’électricien » lui apportant de la visibilité sur l’évolution dans les prochains jours/semaines/mois des éléments qui comptent pour lui. Une idée de nom pour cette rubrique : « Il y a de l’électricité dans l’air ».
L’électricité est encore aux 110 volts lorsque l’on parle d’innovation. Il lui faut passer aux 220 volts et pourquoi pas, inspirer un tableau monumental comme La Fée Electricité de Raoul Dufy, exposé au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, racontant comment la foudre de l’innovation pourrait réveiller en pleine nuit cette industrie.
[1] Essentials McLuhan, Marshall McLuhan, Basic Books, 1996.