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Transformation digitale, les corsaires jettent les pirates à l’eau

Internet apportant un flot incessant de nouvelles technologies, la tentation qui consisterait à croire que tout repose sur la technique est grande. Mais il s’agit d’une légende de marins. En réalité, les entreprises qui survivent aux tempêtes, sont davantage des pirates ou des corsaires, que de savants navigateurs.

Les technologies permettent de réaliser de nouvelles prouesses

En septembre 2014, une scène bien connue eut lieu. Des scientifiques, très calmes, sautent soudainement les bras en l’air, parce que la mission spatiale à laquelle ils travaillent depuis des semaines, des mois, des années, vient de réussir. Mais cette fois-ci, l’événement n’avait pas lieu, comme à l’accoutumé, au Texas, mais en Inde et de nombreux scientifiques portaient des saris colorés. L’Indian Space Research Organisation vient de parvenir à mettre pour la première fois un satellite en orbite autour de la planète Mars. Le plus étonnant étant que les 74 milliards de dollars qu’avait coûtés le projet restaient inférieurs de 90% par rapport à la dernière mission similaire américaine.

Internet permet de faire payer les clients avant même que le produit ne soit conçu

En incitant les clients à réserver leur voiture avant qu’elles ne soient conçues, avec un dépôt de 2 500 $ à 5 000 $, Tesla s’est offert un moyen de prévoir le futur volume de ses ventes, mais surtout de collecter, en 2013, 160 millions de dollars permettant précisément de financer le coûteux lancement d’une nouvelle voiture d’avant-garde.

Les nouvelles manières de faire du commerce permettent aux entreprises de devenir beaucoup plus riches

Amazon, en utilisant les nouvelles technologies pour optimiser le taux de rotation de ses produits en stocks, couplées à un système consistant à encaisser l’argent des consommateurs tout de suite et à payer ses fournisseurs avec un mois de délais, engrange une masse considérable de capital. En 2013, Amazon annonça avoir encaissé $15,153 milliards et devoir payer $4,77. Ce qui lui apportait quelques $10 milliards de fonds de roulement. Selon McKinsey toujours, si les dix plus gros distributeurs du monde pratiquaient la même politique qu’Amazon, une économie de capital de quelques $150 milliards serait effectuée.

Des modèles disruptifs voient le jour

Fondé en 2008 par le Portugais José Neves, Farfetch fonctionne en place de marché, c’est-à-dire sans aucun stock. Disponibles en neuf langues, le site et les applications fédèrent plus de 400 boutiques multimarques indépendantes pour lesquelles la plate-forme propose un canal de vente auprès de clients répartis dans près de 190 pays, qui ont accès à plus de 100.000 références et plus de 1.000 marques, dont, depuis 2015, 75 marques de luxe. L’originalité et la force du modèle tiennent au fait que les consommateurs peuvent acheter en ligne dans des boutiques physiques partout dans le monde, avec un forfait de livraison fixe et une politique de retour extrêmement efficace.

Internet sonne l’ère des entreprises qui osent, qui tentent et qui se jettent à l’eau. L’océan numérique montre celles qui sont parvenues à le conquérir, resplendissantes à sa surface, en attendant une prochaine tempête. Tandis que dans les fonds marins, coulent celles qui n’ont pas eu autant de chance que les premières.

 

Article initialement paru dans l’Observatoire de la compétence métier.