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Comment Alibaba bouleverse la finance en Chine

Avec son système de paiement Alipay, le concurrent asiatique de PayPal, et surtout Ant Financial, son offre de crédit sans équivalent, Alibaba s’apprête à bouleverser le financement et le crédit à la consommation.

 

 

La société du groupe Alibaba, Ant Financial Services, fournit des services de paiement en ligne et d’autres services financiers aux consommateurs et aux PME, en Chine tout comme dans le reste du monde. Ces services comprennent des systèmes de paiement, de la gestion de patrimoine, des prêts, de l’assurance et du crédit. Ant Financial Services utilise aussi sa technologie, largement basée sur de l’intelligence artificielle, et sa connaissance des clients pour aider les institutions financières, les éditeurs de logiciels et les autres partenaires de sa plate-forme à améliorer constamment l’expérience utilisateur ainsi que la gestion des risques. Ant Financial Services, en collaboration avec Paytm (une société indienne de paiement en ligne détenue à 40% par Ant) et Ascend Money (une société d’e-commerce basée en Thaïlande dans laquelle Ant a investi), sert plus de 630 millions d’utilisateurs actifs par an dans le monde.

 

Alipay, filiale à 100% de Ant Financial Services, fournit quant à elle des services de paiement et de comptes séquestres pour les transactions sur Taobao, Tmall, 1688.com, AliExpress et certaines des autres plateformes du groupe. Alipay est le principal moyen par lequel les consommateurs paient leurs achats en Chine. À l’exception des transactions payées via crédit telles que les cartes de crédit, pour lesquelles Alipay facture le commerçant, ni le groupe Alibaba, ni Alipay ne facturent de frais de paiement aux commerçants qui effectuent des transactions sur les plateformes. Le groupe verse à Alipay une rémunération pour les services qu’il apporte, du fait d’une entente commerciale avec Ant Financial Services et Alipay.

 

Ant Financial Services travaille en partenariat avec plus de deux cents institutions financières dans le monde. Avec ses partenaires, la société fournit également des services de gestion de patrimoine, de prêt, d’assurance, des systèmes de crédit et d’autres services aux commerçants et aux consommateurs de l’écosystème Alibaba. Les services comprennent des prêts de fonds de roulement aux PME, des crédits à la consommation et des assurances pour les produits retournés par les clients. Plus de huit cent mille restaurants, cinquante mille supermarchés, trois cents hôpitaux et un million de taxis acceptent désormais Alipay comme méthode de paiement en Chine. En 2015, la solution de paiement en point de vente d’Alipay, basée sur les codes-barres, était déjà opérationnelle dans plus de soixante-dix mille magasins à l’étranger, répartis dans soixante-dix pays. Le remboursement des taxes via Alipay est supporté dans vingt-quatre pays.

 

Ant Financial a reçu l’approbation de la China Banking Regulatory Commission, le 29 septembre 2014, pour créer une banque privée appelée MYbank (Zhejiang E-Commerce Bank Co. Ltd.) avec Shanghai Fosun Industrial Technology, détenue par Fosun International, et Ningbo Jinrun Asset Management. MYbank utilisera pleinement l’analyse des données en ligne pour répondre aux besoins financiers des petites et microentreprises, ainsi que des particuliers. Elle a ouvert ses portes en juin 2015. Fin 2016, MYbank gérait 61,5 milliards de RMB d’actifs (9,46 milliards de dollars US) et avait 32,9 milliards de RMB (5 milliards de dollars US) de prêts en cours. En décembre 2016, la banque en ligne a servi près de trois millions de petites entreprises, leur accordant plus de 87 milliards de RMB (13,4 milliards de dollars US) de prêts depuis sa création. Ses taux d’intérêts sont équivalents à ceux de la plupart des banques chinoises. Sa marge d’exploitation nette, de 3 à 5 %, est nettement plus élevée et son taux de perte, de 1 %, est nettement inférieur à celui de la profession.

 

 

Le commerce c’est l’argent des autres, écrivait Flaubert. Un point que le groupe Alibaba a fait sien en veillant à proposer des solutions de nature à permettre à l’argent des chinois et des autres, de venir fluidifier les rouages d’une mécanique gigantesque, tentaculaire et de mieux en mieux huilée. L’imbrication et la complémentarité des modèles économiques des filiales du groupe Alibaba forme un cas d’école qui lui donnera peut-être un jour l’occasion de nous donner des leçons.