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CDO : les nouveaux SDF de l’entreprise

Les postes de Chief Digital Officer (CDO) prolifèrent au sein d’organisations qui les positionnent très différemment dans leurs organigrammes. En ne faisant pas siéger un CDO à son comité de direction, l’entreprise oublie comment l’arrivée de l’informatique l’a finalement conduit à se doter d’un DSI qu’elle le veuille ou non.

 

Faut-il doter son comité de direction d’un CDO ?

Ne pas positionner un CDO au comex de l’entreprise revient à le condamner d’emblée à devenir au mieux un program manager, qui plus est souvent officieux, puisque son rôle ne sera jamais bien compris, du fait de sa transversalité et de la nouveauté de ses missions. Un CDO appartient à la C-Suite et doit donc, comme son nom l’indique, siéger au comex au même titre que le CEO, CTO, COO, CFO, CMO, etc. Le CDO est l’équivalent du directeur informatique d’il y a 25 ans. Lorsque l’informatique fut enfin prête à entrer dans l’entreprise, grâce à l’arrivées des ordinateurs individuels, les sociétés ont d’abord rattaché quelqu’un en charge de cette informatisation, aux services généraux. Puis les entreprises ont compris que l’informatique nécessité de la maintenance, qu’elle évoluait, qu’elle offrait des opportunités, qu’elle s’immisçait de plus en plus dans les veines de l’entreprise au point d’en devenir clé. Les DSI sont donc devenu des hommes forts, qui siégeant généralement dans les comex. Le même phénomène est à prévoir avec le digital. Le digital va devenir au moins aussi impactant et important que l’informatique. Il lui faudra bien tôt ou tard, un patron, un homme fort, étant membre du comex. Et comme tout s’accélère, pourquoi attendre 25 ans ?

 

Faut-il conserver un DSI au comité de direction ?

Se pose alors la question de la coexistence d’un Chief Digital Officer et d’un DSI qui attise naturellement la tentation d’avoir un CDO officieux ou officiel en la personne du DSI. Mais la validité de cette option repose sur un oubli de taille : l’informatique et le digital diffère en bien des points.

 

Le DSI

Le CDO

 

Est tourné vers

Le présent avec son lot de contraintes

Le futur avec toutes ses promesses

Est focalisé sur

La sécurité, la maintenance d’un existent, la stabilité, la robustesse, la
fiabilité…

L’ouverture des système, l’évolutivité, l’agilité, la rapidité…

Se préoccupe de

Productivité des collaborateur, d’efficacité opérationnelle, de l’efficience de l’organisation…

Création de valeur avec, dans et pour un écosystème

Est un expert

De la technique, puis du business

Du business, de la data, des nouvelles technologies, de l’innovation…

Raisonne

Métiers et entretient des silos

Transformation et mutation de l’organisation

Est tourné vers

L’interne

L’externe

 

Autres différences notables et non des moindres. Le DSI sert le PDG et les autres directions métiers tandis que le CDO marche sur les plates-bandes de la DSI, de la direction marketing tout en entrainant le CEO hors de sa zone de confort. Ensuite, le DSI préserve le statut quo, là où un CDO n’aura de cesse de le challenger.

 

Ne sachant pas regarder l’intégration du CDO et voir la place grandissante qu’il prendra fatalement dans l’entreprise, porté tout simplement par la prépondérance que prendra le digital sur celle-ci, ni comprendre la nature d’un métier qu’elle ne lui donne pas encore les moyens de faire, l’entreprise ne fait qu’organiser son retard dans un monde où la vitesse compte de plus en plus.

 

 

Il n’y aura jamais une course officielle dans laquelle les entreprises seront alignées sur une ligne de départ, attendant le top départ, pour se lancer dans la course au recrutement d’un Chief Digital Officer dans son comité de direction. En attendant, nombre de CDO en poste ou en passe de l’être, pourraient bien finir comme des DHL (Digital Home Less), errant d’une place à l’autre dans des organigrammes qui peinent à évoluer.