BD : une boîte à outils pour la planète
À travers la bande dessinée Les économistes sauveront la planète, Julie Bouvot, William Honvo et Adrien Chaussinand nous offrent un aperçu provocateur et éclairé sur le pouvoir de l’économie dans la lutte contre ces enjeux planétaires.
Bonjour William Honvo, pourquoi cette BD… maintenant ?
William Honvo : Le réchauffement climatique et ses conséquences posent des questions de fond sur les choix de société, notamment les choix économiques, qu’il faudra faire dans les prochaines années. Nous nous sommes lancés dans cette aventure d’écriture pour transmettre au plus grand nombre une « boîte à outils » qui permet de comprendre les grands enjeux de la situation économique et environnementale actuelle.
Concrètement, que veut dire une tonne de carbone qui passe de 30 à 90 euros en deux ans ? Est-ce qu’une ristourne sur les prix à la pompe est une mesure écologique ? Pourquoi la transition écologique est nécessairement inflationniste ? A quoi sert la mise en œuvre d’une taxe carbone aux frontières au niveau européen ? On a essayé de répondre à toutes ces questions (et bien d’autres encore !) dans la BD à travers le prisme des grandes théories qui font l’économie de l’environnement. En effet, il nous paraissait fondamental avec Julie et Adrien de rendre ces questions accessibles par le plus grand nombre et le format « roman graphique » s’y prêtait particulièrement bien.
Pourquoi maintenant ? On a commencé à écrire ce livre en 2020 quand le confinement a remis sur le devant de la scène l’impact de notre logique de croissance sur la planète. On revoyait des dauphins dans les canaux de Venise et la pollution de l’air chutait drastiquement. Aujourd’hui, au moment de la publication de la BD, la situation interpelle encore plus. L’été dévastateur de 2023 nous le rappelle avec force : une surface plus grande que le Portugal de forêts canadienne est partie en fumée pendant qu’il faisait 49 degrés en Sicile.
Dans ce contexte, le rôle des économistes est de plus en plus interrogé et se pose la question légitime de leur contribution face aux changements auxquels on est confrontés. Un bon exemple pour montrer l’actualité du sujet est la publication la semaine dernière d’une étude (très complète !) de Finance Watch publiée qui souligne la responsabilité des choix de modélisation réalisées par les économistes dans les décisions prises aujourd’hui.
Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?
W. H. : Il est difficile de choisir un passage préféré… Je pense que la planche représentant la tragédie des communs est bien représentative de la complémentarité qu’on a eu dans notre travail « à quatre mains » avec Julie. Cet extrait met en image une théorie centrale aujourd’hui en économie : la théorie des communs. Le défi a été de la vulgariser en une seule page, drôle de préférence pour que l’ensemble des lecteurs puisse la comprendre et en saisir les enjeux.
Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?
W. H. : Je trouve que la sensibilisation croissante du public et l’éducation sur les enjeux environnementaux sont essentielles pour susciter un changement de comportement et encourager la mise en œuvre de mesures concrètes. Il y a plein de solutions incroyables qui se développent : de nouveaux médias passionnants sur ces questions environnementales, des initiatives locales de verdissement des villes, le début de l’expérimentation du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières au niveau européen… Cette semaine par exemple, le travail colossal de cartographie des projets d’extraction fossile au plus gros potentiel d’émissions finales de CO2 (« carbon bombs ») réalisé par les ONG Data for Good et Eclaircies en est une belle illustration.
Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?
W. H. : Ne craignez pas l’économie : cette discipline ne doit pas être réservée aux seuls initiés !
En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?
W. H. : On commence seulement à explorer ce sujet complexe avec Julie et Adrien. On a dû faire de nombreux choix pour tenir en 200 pages de bande dessinée donc.
Merci William Honvo
Merci Bertrand Jouvenot