jouvenot.com

Quand le politique utilise les discours anxiogènes pour voler nos libertés

La gestion de la crise de la Covid-19 est chaotique. Denis Jacquet, à contre-courant du politiquement correct, brosse dans son livre Covid : le début de la peur, la fin d’une démocratie, un portrait sans concession d’une France agonisant sous les coups de boutoir des confinements et autres couvre-feux absurdes, disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Nous avons interviewé cet auteur volontiers polémique pour comprendre comment il entend éclairer les consciences et réanimer les esprits.

 

Bonjour Denis Jacquet, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ? 

 

Denis Jacquet: Ce livre a été, je l’avoue, un exutoire. Cela m’a évité de commettre un crime dans le cas, non improbable où j’aurais croisé Macron, Philippe ou Castex! J’ai trouvé la réaction à cette crise totalement démesurée, dès le départ, car j’observais l’Asie et son traitement qui allait s’avérer exemplaire, avec très peu de morts (à part le nombre en Chine que les autorités ont très fortement « atténué » au départ), et sans saccager leur économie, bien au contraire. En voyant ce que l’Europe offrait comme traitement en contrepartie, j’ai eu une réaction épidermique, un niveau d’énervement et d’exaspération jamais connu dans ma vie d’entrepreneur, qui pourtant m’en réserve tellement d’occasion au quotidien. On allait tuer les hommes plus sûrement que le virus ne le ferait jamais, et il semblait qu’à part le taux de mortalité claironné chaque soir de façon indécente et outrageuse au journal de 20H, rien n’avait d’importance.

A nouveau, comme chef d’entreprise, c’est un peu comme si je me permettrais de n’inscrire en charge que ce qui convenait à mon bénéfice personnel, et que j’ignorais toutes les autres charges. C’est exactement ce que le politique a fait en récupérant à son profit (en tous cas le croit-il) cette crise. En charge, il n’a voulu retenir que le taux de mortalité, le reste n’avait pas d’importance. Pire, le taux d’occupation de quelques hôpitaux, presque à saturation, était le seul étalon de mesure qui dicta toute la politique de l’Italie, de l’Allemagne, de la France, sans aucun égard pour les dégâts bien plus graves que cette gestion causait par ailleurs. Les autres charges furent occultées et évacuées du « compte de résultat », sans autre ménagement:

La violence faite aux femmes ainsi livrées à leurs bourreaux, en croissance de plus de 60% dans certaines banlieues déjà connues pour leur « ouverture »? Aucune importance. Les hôpitaux Parisiens étaient -soit-disant- saturés, sans que pour autant on accepte d’utiliser les cliniques privées? Alors la femme battue à Tarbes ou Besançon, devait continuer à accepter son calvaire.

La menace de liquidation de centaines, milliers d’entreprises à terme et l’éradication de 600 à 800 000 emplois à terme de 8 mois? Aucune importance, il faut soulager les soignants Parisiens.

Le retour de 30 millions (au départ, 137 millions à ce jour) de personnes sous les seuils de l’extrême pauvreté dans le monde au nom de cette congestion hospitalière? Aucune importance.

Je pourrais remplir 1 pages entière du carnage causé par cette gestion. Rien de tout cela ne semblait fournir de motif à une intelligence retrouvée pour nos politiques. La peur du journal de 20H l’emporte sur toute autre considération, et surtout la réélection en 2022, par les plus de 65 ans, principales victimes statistiques de ce virus, l’emporta sur toute autre considération. 

Le politique pour ne pas avoir provoqué cette crise (contrairement à ce que souhaitent faire croire les complotistes), l’a parfaitement exploité, à son profit unique. Marchand d’opportunité et obsédés par l’urne, le destin de la France pesait bien peu face au leur. Cela m’a semblé insupportable. La peur l’a emporté sur la raison, la technocratie sur l’intelligence. Jamais nous n’avons fait preuve d’une telle « crasse ». Et pour ceux qui pensent que les autres pays ont fait comme nous, regardez bien, et lisez mon livre.

Parmi les 20 pays du monde aux plus mauvais résultats, on trouve la France, une large partie de l’Europe, battue seulement par l’Amérique du Sud. Les USA au moins, ont réussi la phase vaccinale, nous avons tout raté. Trump, accusé de tous les maux, a laissé en héritage à Biden 200 millions de doses préemptées de force sur le marché, pendant que nous tergiversions sur les achats à réaliser et les produits à autoriser.

 

Une page de votre livre qui vous représente le mieux ?

D. J. :  La conclusion qui me semble résumer mon état d’esprit

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

   D.J. : A l’issue de cette crise il y a plusieurs tendances, assez habituelles dans ce type de crise, mais accrues par la bêtise qui a présidé, en Europe, à sa gestion. 

1/ L’accroissement des investissements dans l’automatisation. Les chiffres sont encore approximatifs, mais on estime à 30/50Mds le surinvestissement fait par les USA dans tout ce qui touche à l’automatisation. Le chiffre pourrait être du double en Chine. Ces dollars en plus seront, demain, des emplois en moins, pour une population déjà appauvrie et au bord de l’explosion sociale. C’est une bombe à retardement terrifiante.

 

2/ L’accroissement de la fortune des plus riches et de la pauvreté des autres, comme à chaque crise (voir 2008/2009), les grands gagnants étant les milliardaires Américains et Chinois. Surtout Chinois d’ailleurs. La classe moyenne naissante en Amérique du Sud a été balayée, et encore agressée et réduite aux USA, en bien plus en Europe. Promettant des lendemains dont la couleur rose ne fera pas partie demain.

 

3/ Le recul de la liberté au profit de la sécurité. Une tendance déjà forte sur les 15 dernières années, et a fait un bon spectaculaire. Une étude récente de Harvard montre comment dans 15 pays des plus libres au monde la préoccupation sécuritaire l’emporte sur la liberté. Le vieux monde s’accroche à son balcon qui s’affaisse et souhaite une vie d’immortel et la sécurité absolue. Comme disait Yuval Harari dans Sapiens, nous préférons désormais le pouvoir à la raison. Et sommes prêts à sacrifier ce pour quoi nos aînés ont sacrifié, de gré ou de force, leurs vies pour nous l’offrir. La liberté semble être un produit que l’homme occidental sous évalue désormais.

 

4/ Le déclin avéré de l’Europe (et ls stagnation de l’Amérique du Sud) pendant que la Chine s’envolé et que les USA se maintiennent. L’Afrique reste une inconnue, son potentiel étant contrebalancé par son basculement religieux, elle qui était animiste, et une corruption qui continue à assurer la fortune à ceux qui volent au détriment de ceux qui créent de la valeur.

 

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

 

D.J. : Regardez le monde. A force de surfer à la surface de nos portables nous oublions la profondeur du monde, la dimension de la réalité humaine, la relativité qui continue à prévaloir sur un monde que le digital tend à vouloir nous présenter comme uniforme et sans relief. Le digital confond rapidité et précipitation, efficacité et accumulation, le temps est votre ami. Acceptez d’en perdre un peu pour en gagner un peu. L’intelligence est dans le recul et le temps long.

 

 

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

D.J. : La Fondation Day One Movement (www.dayone-event.com) que j’ai fondé, en Europe et désormais aux USA, s’empare d’un sujet qui est aussi (plus?) important que le climat qui est pourtant lui même un sujet essentiel. Mais des ventres vides n’auront que faire du climat. Etre pauvre n’est pas une question de température mais d’existence. Sans job aucun homme sur terre ne se battra pour la planète et le climat, accaparé qu’il sera par sa subsistance. Il faut donc se préparer à la mutation des jobs, accélérée par la crise du covid. Pourquoi? Le monde économique a compris qu’en cas de crise sanitaire, l’arrêt de l’homme sonnait la fin de l’économie et qu’il était donc urgent d’accélérer sur l’automatisation. Cela ira donc plus vite que jamais et personne n’est prêt. Ni les Etats, ni les institutions de formation et d’éducation. Ni les entreprises. C’est urgent. Chaud. Il faut se préparer et faire de l’inévitable une opportunité, en préparant les hommes afin qu’ils puissent surfer sur la vague plutôt qu’être engloutis par elle.

 

Merci Denis Jacquet,

 

Merci Bertrand

 


Le livre : Denis Jacquet, Covid : le début de la peur, la fin d’une démocratieEyrolles, 2021.