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Livre – Captain Economics vulgarise la finance pour la rendre accessible au plus grand nombre

Si la Bourse vous semple un peu compliquée, mystérieuse et inabordable, suivez-donc les aventures de Captain Economics dans le livre Comprendre la Bourse. Armé d’une bonne dose de recul, d’un brin d’humour et de centaines de recherches sur le sujet, Thomas Renault, l’auteur qui se cache derrière le Captain Economics, va vous permettre de tout comprendre enfin.

Bonjour Thomas Renault, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

 

Thomas Renault : Le monde est en crise ! Crise des subprimes, crise de la dette zone euro, crise suite à la pandémie de Covid … Et quand il y a des crises, quoi de mieux qu’un super-héros afin d’essayer de résoudre les problèmes ? Ce super-héros de l’économie et de la finance, c’est Captain Economics, un personnage que j’ai créé il y a maintenant plus de 10 ans au début de ma thèse de doctorat en finance. Le super-pouvoir du Captain’ est de vulgariser la finance pour la rendre accessible au plus grand nombre. Ses armes : une bonne dose de recul, un brin d’humour et la recherche académique !

Pour ses 10 ans, le Captain’ avait envie de marquer le coup et de publier un ouvrage – mélangeant ton décontracté et rigueur scientifique – sur le sujet de la Bourse . Et voici donc aujourd’hui le premier ouvrage de la trilogie : « Comprendre la Bourse avec Captain Economics ». Vulgariser la finance et vous faire comprendre la Bourse – sans passer par des raisonnements simplistes ou des idées toutes faites – voilà l’objectif de ce livre ! Vous êtes prêts ? Enfilez, vous aussi, votre costume de super-héros et suivez le Captain Economics dans ses aventures.

 

 

Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

 

Faisons donc un bond de plus de 400 ans dans le passé. Nous sommes à Amsterdam, au début des années 1600. À cette époque, le sujet à la mode n’est pas la blockchain ni le trading haute fréquence, mais le transport maritime. Il faut dire que Christophe Colomb a découvert l’Amérique il y a peu et que Vasco de Gama a tracé à peu près au même moment une route vers l’Inde. Le commerce maritime est donc en plein essor. Mais le problème, c’est que le commerce maritime, cela coûte cher. Très cher. Il faut construire des bateaux, payer l’équipage, acheter les marchandises sur place, les revendre de retour au pays… Et tout cela en espérant que le bateau ne coule pas et ne soit pas la cible des pirates. À cette époque, un bateau met quasiment deux ans à faire le voyage vers l’Asie, et près de 20 % des bateaux ne reviennent jamais. Et pour couronner le tout, les guerres sont fréquentes – pour les Pays-Bas surtout avec l’Angleterre –, ce qui peut rapidement bloquer le commerce maritime et donc toute activité commerciale. Bref, cela semble galère à financer, cette histoire !

Les premières expéditions vers l’Asie furent financées de manière assez simple. Un groupe d’hommes – souvent de riches marchands de la région – mettaient en commun une certaine somme d’argent afin de financer une expédition. Au retour – si retour il y avait –, les marchandises étaient vendues, et les hommes se partageaient les bénéfices. Mais la notion de société avec un objectif de long terme n’existait pas. Or, le commerce avec l’Asie était un peu particulier. Il fallait sécuriser les routes maritimes, installer des ports sur place, et les montants en jeu étaient beaucoup plus importants que pour le commerce avec l’Afrique (plus proche et moins coûteux). Cela nécessitait donc une vision à long terme et des investissements coûteux au départ ; mais potentiellement des bénéfices très élevés si le plan fonctionnait comme prévu.

C’est à ce moment-là, en 1602, que six provinces des Pays-Bas décidèrent alors de s’unir afin de créer la Compagnie néerlandaise des Indes orientales: une des premières sociétés anonymes par actions. En néerandais la Vereenigde Oostindische Compagnie (VOC). Pour financer tous les investissements nécessaires, la VOC proposa aux habitants des différentes provinces de participer à la création de la société. Par le terme « participer », ici, on peut entendre un apport d’argent – de la part de l’investisseur – en échange de parts de la société. Ces parts de la société – ou actions – permettent à son détenteur de toucher une partie des bénéfices de la société : les dividendes. Au total, ce sont près de 6,4 millions de guilders – la monnaie de l’époque aux Pays-Bas – qui furent récoltés via cette opération. Cela représente environ 100 millions d’euros d’aujourd’hui! Une sacrée somme pour la première grande société par actions de l’histoire.

 

 

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

 

Thomas Renault : Je me passionne pour les sujets relatifs au changement de modèle économique et d’organisation de la société. Le changement climatique et les objectifs de réduction des émissions des gaz à effet de serre impliquent une transformation massive de l’ensemble des secteurs de l’économie : et la finance n’échappera pas à ce changement. Il est important que les individus se réapproprient ce sujet et s’intéressent de plus près à la manière dont leur épargne est placée – et ce qui est réellement financé par la suite. Et pour cela, il faut avoir une vision d’ensemble du fonctionnement des marchés financiers et de la Bourse : ce que le Captain’ essaye d’apporter dans cet ouvrage. L’éducation financière est nécessaire pour que la finance devienne un allié dans la transition écologique. Les pièges sont nombreux – greenwashing, recherche de rendement à court-terme, absence de prise en compte des externalités négatives comme la pollution – mais une meilleure connaissance de ces pièges peut permettre ensuite une meilleure allocation des actifs vers les secteurs utiles à l’économie. Tout cela est certes un peu utopiste : mais c’est aussi le rôle des super-héros de croire aux utopies !

 

 

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

 

Thomas Renault : « La prévision est toujours très difficile, surtout lorsqu’elle concerne le futur.” Le Captain’ aime beaucoup cette citation – attribuée au Prix Nobel de physique Niels Bohr. Lorsque l’on parle de finance, cela se réduit souvent à une discussion sur l’évolution du prix des actions. Est-ce qu’il va y avoir une crise ? Est-ce qu’il faut investir maintenant ? Quelles actions faut-il acheter ? Est-ce qu’il y a une bulle ? Bien évidemment, ces questions sont importantes d’un point de vue « maximisation du rendement ». Cela intéresse beaucoup de monde car répondre à ces questions – et avoir raison – permet de gagner de l’argent et de devenir riche. Mais il est important de prendre du recul par rapport à cela ! Premièrement, car en réalité la prévision est très difficile – voire même sûrement impossible pour le commun des mortels. Le Captain’ ne battra pas le marché – et vous non plus ! Deuxièmement, car considérer la finance uniquement sous le prisme de la prédiction des prix est très réducteur. La finance a des impacts sur l’ensemble de l’économie – comme l’a montré par exemple la crise des subprimes – et il est important d’avoir une vision d’globale des mécanismes et de ne pas se focaliser que sur les variations de prix à court-terme.

 

 

 

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

 

Thomas Renault : Cet ouvrage sur la Bourse est le premier d’une trilogie : l’année prochaine, le Captain’ publiera donc la suite et cette fois-ci le thème sera la monnaie. Nous y parlerons de plein de sujets passionnants : la création monétaire, les cryptomonnaies, les monnaies digitales de banque centrale, la concurrence entre les monnaies privés… Rendez-vous en février 2023.

 

Merci Thomas Renault

 

Merci Bertrand

 

Le livre : Comprendre la Bourse avec Captain Economics, Thomas Renault, DeBoeck Supérieur, 2022.