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La plus grande entreprise du monde est aussi celle qui paye le moins bien au monde

Le véritable tour de force de Google est d’être parvenue à faire travailler plus de monde, que nulle autre entreprise auparavant, sans pour autant rémunérer cette gigantesque armée de travailleurs.

 

 

Ni le géant américain de la distribution Walmat, ni la China National Petroleum Corporation (le géant pétrolier asiatique), ni l’Indian Railways (l’équivalent de la SNCF en Inde), ne sont les plus grandes entreprises du monde en termes d’effectifs. Avec respectivement 2,3 millions d’employés pour Walmart, 1.5 million de personnes pour la seconde et 1,4 millions pour la troisième, ces géants sont loin de faire travailler autant de monde que Google.

 

Un géant est toujours assis sur les épaules d’un autre géant

 

Google affiche avec fierté des chiffres éloquent. Par exemple :

 

Chiffre d’affaires annuel (2017) : 110,85 milliards de dollars

 

Bénéfice annuel (2017) : 26,1 milliards de dollars

 

Effectif (2017) : 80 110

 

 

 

De quoi faire rêver n’importe quel analyste financier, investisseur, actionnaire, capital-risqueur, chef d’Etat hébergeant une telle entreprise.

 

Mais c’est d’autres chiffres qui méritent un examen attentif, couplé à une analyse inédite, pour aboutir à une conclusion édifiante.

 

Nombre de requêtes effectuées dans Google dans le monde : 100 milliards par mois

 

Temps moyen d’une recherche : inférieur à 1 minute

 

 

Deux chiffres qui permettent d’estimer grossièrement le temps passé par les femmes et les hommes du monde entier à effectuer des requêtes sur Google. Pour cela il suffit de multiplier le nombre de requêtes effectuées dans Google dans le monde par le temps moyen d’une recherche (nous retenons ici 30 secondes). Ce qui donne :

 

10 milliards d’heures (par an)

 

Un résultat qui ne veut rien dire en soi, si l’on oublie de rappeler comment fonctionne l’algorithme de Google.

 

Vous êtes vous déjà demandé combien Google vous devait en heures supplémentaires ?

 

La force de Google est d’exploiter en permanence chacune des recherches que nous effectuons pour améliorer les futures réponses que son moteur de recherche apportera. Chaque fois que nous utilisons Google, nous fournissons donc à la firme de Mountain View des données qu’elle exploite pour mettre à jour son algorithme et le rendre encore plus performent.

 

Le temps passé à utiliser Google est donc l’équivalent d’un travail que nous effectuons, librement mais pas nécessairement en connaissance de cause, permettant surtout à cette entreprise de continuer à s’enrichir sans nous rémunérer en contrepartie. La somme du peu de temps que chacun passe à utiliser Google régulièrement, multiplié par un nombre d’utilisateurs en milliards par an, constituent alors une masse de travail équivalente à 10 milliards d’heures.

 

 

 

A vos calculettes

 

Deux trois calcules aussi rapides que simples peuvent apporter une lecture nouvelle de la réalité économique de Google.

 

Tout d’abord, le temps de travail. Si l’on retient 80 110 collaborateurs chez Google travaillant 8 heure par jour, nous arrivons à un temps de travail des collaborateurs de Google équivalent à :

 

160,2 millions d’heures (par an)

 

Ce qui permet de déduire temps de travail total effectué pour Google en additionnant le temps effectué par ses collaborateurs à celui effectué par les utilisateurs que nous sommes. On obtient alors :

 

10,16 milliards d’heures (par an)

 

Dit autrement, la part du travail effectué pour Google par ses propres salariés représente :

 

Moins de 1% du total.

 

Dit encore autrement, les collaborateurs de Google, par ailleurs connus pour être très bien payés, récupèrent 100% de la part du lion, tandis que plus de 99% de ceux qui apportent de la valeur à Google, en travaillant sans véritablement le savoir pour la firme de Mountain View, n’en ont pas une miette.

 

 

 

 

En définitive, Google est-il le champion du monde du travail déguisé ? Peut importe. Ce qui compte est que la France comme l’Europe, en s’attelant à faire payer au GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) l’impôt sur les bénéfices, se trompent peut-être de combat. Ne faudrait-il pas également inclure dans le calcul, les charges inhérentes au travail, de milliards de personnes ?

 


Sources : 

Alphabet

Statista 

Business Insider

Arobasenet