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La langue dominante ferait bien de réfléchir avant de parler

Etre la langue dominante, comme l’anglais, n’est plus un avantage mais un handicap. Puisque tout se sait, se dit et s’écrit désormais sur le Web, pouvoir s’exprimer dans une langue incomprise du plus grand nombre devient un atout, puisque cela permet de conserver un temps d’avance dans la course folle à l’innovation.

Dans les affaires, les idées n’ont plus de valeur en soi. Elles sont partout, diffusées, partagées, discutées, crowd-testées sur le web. Ce qui compte à présent est la capacité à les mettre en œuvre, mieux et plus vite que les autres. La rapidité et l’exécution opérationnelle sont les nouveaux facteurs clés de succès. Les défenseurs de cette thèse, que l’on trouve pour beaucoup dans la Silicon Valley, en ont fait leur fonds de commerce… et la confortent chaque jour avec le taux de natalité de start-up le plus élevé du monde.

Mais pendant qu’ils s’en convainquent, ils oublient qu’ils communiquent en anglais, la langue la plus usitée. Or, une bonne idée sera d’autant plus vite repérée, convoitée ou exploitée et par d’autant plus de monde, qu’elle est évoquée dans une langue comprise du plus grand nombre.

Aujourd’hui, la terre compte plus de Chinois qui parlent anglais, que d’Américains qui comprennent le chinois. Demain, l’intelligence artificielle gommera peut-être les problèmes de langue grâce à des progrès grandissants et déjà très spectaculaires dans le domaine de la traduction. Après-demain, la langue gagnante sera peut-être celle qui partage une ou plusieurs de ces caractéristiques :

  • Permettre le double langage ;
  • Nécessité d’appartenir à sa culture pour être comprise ;
  • Etre trop fine et subtile pour passer à travers les fourches caudines de l’intelligence artificielle ;
  • Etre en perpétuelle évolution, réinvention, au point de générer chaque jour, chaque heure, de nouvelles expressions, de nouveaux jeux de mots (comme le font les millennials), de nouveaux acronymes…
  • Etre remplie d’esprit, au point de faire perdre le sien à l’intelligence artificielle.

Etre, et ce serait le nec plus ultra, particulièrement adaptée à l’humour, au point de faire perdre le sien à l’intelligence artificielle, si tant est qu’elle en eut un, un jour ? A moins, que le langage informatique ne devienne la langue universelle.