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Ils ont traduit. Ils ont appris… à retrouver la concentration dans un monde de distractions avec Cal Newport

Le traducteur d’un livre entretient nécessairement une relation particulière avec son auteur et finit par connaître son œuvre mieux que quiconque. C’est pourquoi nous interviewons régulièrement ces hommes et ces femmes de l’ombre afin qu’ils partagent avec nous leur compréhension intime des meilleurs ouvrages. Dans le cadre de notre série « Ils ont traduit. Ils ont appris… », voici donc l’interview de Christophe Billon, traducteur de Deep Work de Cal Newport.

Bonjour Christophe Billon, quelles réflexions vous a inspiré ce travail de traduction ?

Christophe Billon : Je vais devoir faire un effort de mémoire pour répondre à votre question, car ce projet remonte aujourd’hui à plus de cinq ans. La première difficulté était de traduire la notion de deep work. La langue anglaise a ce souci de la concision qu’il est parfois difficile de restituer en français. J’ai opté, sans gaité de cœur, je l’admets, pour travail en profondeur, après avoir hésité avec implication attentionnelle totale, qui m’a paru peut-être plus explicite mais un peu « chargé ».

Qu’aimeriez-vous nous apprendre sur l’auteur ?

C. B. : Professeur d’informatique, Cal Newport est un adepte de l’amélioration de la productivité. Également auteur d’un ouvrage sur le minimalisme numérique (Réussir (sa vie) grâce au minimalisme digital), l’optimisation est son cheval de bataille, ce qui traduit un niveau d’exigence personnelle particulièrement élevé. On ne peut pas dire qu’il laisse la part belle à l’improvisation, mais son approche a le mérite d’être des plus efficaces pour tendre vers une meilleure productivité dans le milieu du travail.

Qu’imaginiez-vous trouver dans ce livre en l’ouvrant pour la première fois ?

C. B. : Un traducteur est un messager, un passeur de plats, et j’étais bien décidé à goûter celui-ci, car j’étais intrigué par le sujet. Traduisant majoritairement des ouvrages d’épanouissement personnel (terme que je préfère à développement personnel), j’allais pouvoir m’approprier des pratiques qui me seraient vraiment utiles dans mon métier. S’il est bien une étape du travail de traduction où la concentration est primordiale, c’est la relecture, qui permet de repérer les erreurs commises lors de la réalisation du premier jet. Je l’avoue donc, je voyais également une utilité personnelle à la réalisation de ce projet.

Qu’aviez-vous appris en définitive, lorsque vous avez écrit le mot FIN de cette traduction ?

C. B. : Tout d’abord, et c’est de notoriété publique, nous sommes de plus en plus dépendants, parfois sans nous en rendre compte, des nouvelles technologies, qui prennent de plus en plus de place dans nos vies personnelle et professionnelle. La fragmentation de l’attention est un obstacle d’envergure à une productivité satisfaisante. Il est donc indispensable de se protéger contre les distractions, et cet ouvrage offre des outils qui me paraissent indispensables pour être totalement concentrés sur la tâche à exécuter. La concentration est l’élément clé pour effectuer un travail de qualité. J’en avais déjà conscience à travers la pratique de différents sports, mais là, j’ai vraiment pu constater que la qualité de concentration permettait de rester centré durablement sur son objectif. Et pour optimiser cette qualité de concentration, l’environnement dans lequel on évolue joue un rôle crucial. En outre, qui dit concentration optimale dit amélioration de la créativité et de la mémoire, moyennant un travail spécifique à travers divers exercices. Appliquer la démarche de l’auteur demande des efforts et implique de résister à l’envie d’opter pour la solution de facilité, à savoir garder ses réflexes d’humain connecté et rester à l’abri dans sa zone de confort. Alors, pour vivre heureux, vivons concentrés !

Merci Christophe Billon,

Merci Bertrand.

Le livre : Deep Work, Cal Newport, Alisio, 2017

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