Ce qui me définit, ce n’est pas tant ce que je suis, mais la société pour laquelle je m’engage

Avec son livre 2040 (Eyrolles), Jérémy Lamri propose une réflexion lucide et engagée sur cinq futurs possibles pour nos sociétés. Loin des scénarios catastrophes, il nous invite à penser des avenirs désirables et à reprendre collectivement la main sur notre destin.

Bonjour Jérémy Lamri, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

Jérémy Lamri : J’ai choisi d’écrire 2040 parce que nous sommes précisément à la croisée des chemins, à ce moment décisif où les grandes ruptures technologiques et sociétales se rencontrent. Ce livre arrive maintenant car il fallait dépasser les constats habituels, sortir des discours anxiogènes et surtout, oser présenter des futurs possibles concrets et désirables. L’enjeu pour moi n’est pas tant de prédire ce qui arrivera, mais de déclencher une prise de conscience chez celles et ceux qui veulent activement construire le monde de demain. C’est un appel à prendre collectivement la main sur notre destin, ici et maintenant, sans attendre que d’autres décident pour nous.

Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

J.L. : Probablement le chapitre consacré à l’économie quaternaire et plus particulièrement le passage où je développe le concept de contributeur quaternaire. J’y décris une société où l’on cesse enfin de juger la valeur d’un individu exclusivement sur sa productivité économique, et où chacun peut trouver sa juste place en apportant une contribution significative à la communauté. Ce passage est le cœur même de ma démarche intellectuelle : réconcilier efficacité et humanisme, en proposant des solutions systémiques qui répondent à la fois aux besoins économiques et à notre quête profonde de sens. Ce qui me définit vraiment, ce n’est pas tant ce que je suis, mais la société pour laquelle je m’engage.

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

J.L. : Deux tendances fondamentales émergent, encore discrètes mais déjà structurantes pour l’avenir.
La première, c’est le revenu contributif, cette idée encore timide mais décisive que chacun mérite un revenu digne lorsqu’il s’engage à œuvrer concrètement pour la société, même en dehors du cadre classique du travail rémunéré. Cela changera profondément notre rapport à l’activité, à la richesse, et au collectif.
La deuxième tendance majeure, c’est la symbiose humain-IA. Loin des fantasmes habituels d’asservissement ou d’obsolescence, je suis persuadé que notre avenir passe par une collaboration raisonnée et équilibrée avec l’intelligence artificielle, dans laquelle l’humain conserve la maîtrise éthique, créative et décisionnelle. Ces deux tendances, si on les aborde sérieusement dès maintenant, ont le pouvoir de transformer durablement notre société.

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

J.L. : Soyez exigeant envers l’avenir. Ne vous contentez jamais d’un futur par défaut, où tout semble écrit d’avance. Posez-vous constamment cette question essentielle : « À quel futur souhaitable suis-je prêt à contribuer concrètement ? »
Ce n’est qu’en formulant clairement cette intention, puis en la traduisant en actes réels dès aujourd’hui, que vous pourrez influencer durablement la trajectoire collective. Mon conseil, c’est donc d’être un acteur conscient et déterminé, et non un simple observateur passif d’un avenir que d’autres écriront pour vous.

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

J.L. : Trois mots essentiels à mes yeux pour les années à venir :

• Agentivité, parce que rien ne se fera sans cette capacité individuelle et collective à agir avec intentionnalité dans un contexte complexe et incertain.
• Néohumanisme, car il devient vital de replacer l’humain au centre du progrès technologique, en cultivant une sagesse nouvelle et pragmatique dans notre relation aux outils que nous créons.
• Solidarité, enfin, parce que face aux défis immenses de demain, aucune solution durable ne pourra émerger sans la conviction profonde que notre destin est fondamentalement collectif, et que notre capacité à coopérer déterminera notre réussite ou notre échec.

Merci Jérémy Lamri

Merci Bertrand Jouvenot

Le livre : 2040, Jérémy Lamri, Eyrolles, 2025. Disponible sur Amazon