Un vélo électrique ressemble presque toujours à celui du voisin
Des dizaines de milliers de vélos électriques, aux design plus ou moins réussis, prolifèrent et encombrent chaque jour davantage les trottoirs de nos villes déjà un peu trop tristes. Heureusement, les Ateliers Heritagebike se sont installés au grand air pour imaginer de nouveaux modèles d’exception, destinés à être fabriqués en France avec un design particulièrement soigné. Pour mieux comprendre, nous avons réalisé une interview en pièces détachées avec Xavier Wargnier, co-fondateur de cette belle initiative.
Bonjour Xavier Wargnier, quel problème vous proposez vous de résoudre avec les Ateliers Heritagebike ?
Xavier Wargnier : Les Ateliers Heritagbike que j’ai créé avec Guillaume Monsigny il y a maintenant plus d’un an ont comme ambition de « mettre de l’exception dans la mobilité » et c’est notre proposition de valeur sur laquelle nous croyons. Nous fabriquons des vélos électriques très haut de gamme et fabriqués en France ce qui est encore très rare. Nous travaillons avec les meilleurs artisans et sommes militants pour relocaliser une production et un savoir-faire perdus depuis des années par l’industrie du cycle qui, en France, sont souvent que des assembleurs de pièces d’Asie. Nos vélos demandent environ 50 heures de travail par vélo ce qui est énorme. Et puis, devant l’explosion du marché du VAE, l’offre du marché est souvent pauvre en créativité et un vélo électrique ressemble presque toujours à celui du voisin. Comme dans la mode ou dans le luxe, nous avons voulu dès le départ explorer des pistes avec un style et un design différenciant comme on le retrouve dans l’industrie automobile.
Nous avons voulu aussi proposer une alternative « premium »à notre clientèle avec des services et des attentions que l’on ne retrouve que très rarement dans ce marché.
Quelle est votre recette magique ?
X.W. : La recette magique n’existe pas mais la passion aide beaucoup pour affronter un à un les obstacles! Et puis avec nos 8 associés pour la majorité des entrepreneurs, ne pas faire partie du monde du vélo a été sans doute non pas une faiblesse mais bien une force car nous avons avancé avec nos convictions sans se faire polluer par des « normalement on fait comme ça ». Nous n’avons écouté personne lorsque l’on nous a conseillé de fabriquer en Asie, de ne pas prendre le virage du luxe et du différent.
Pourriez-vous me parler d’un sujet relatif à votre domaine, que nous ne connaissons pas et nous apprendre quelque chose à son propos ?
X.W. :Nous ne pouvons encore fabriqués à 100% en France mais nous y travaillons chaque jour. Et aujourd’hui le monde du vélo traverse une pénurie mondiale de pièces sans précédent! La moyenne pour recevoir des pièces commandées est aujourd’hui à environ 300 jours! C’est frustrant de ne pouvoir fabriquer autant que le marché le demande vous pouvez me croire! Cette crise va sans doute durer encore un an ou deux et cela milite encore plus pour relocaliser sa production en France et gagner en indépendance. Nous travaillons actuellement sur la création d’un nouveau site de production proche de Saint Etienne qui est historiquement le berceau du vélo. Ce projet a du sens pour moi et il doit être ouvert à d’autres fabricants et pas réservé qu’aux Ateliers Heritagebike car à plusieurs nous sommes plus forts. Le projet va permettre de mutualiser les coûts, d’avoir une plus grande force d’achats, et de produire de l’excellence à des prix un peu plus abordables face à la concurrence d’Asie ou du Portugal par exemple.
Quelle question sur votre projet aimeriez-vous qu’on vous pose ?
X.W. : « Comment voyez vous dans 10 ans les Ateliers Heritagebike? » Pour être honnête et je l’assume: je n’en sais rien et c’est tant mieux! Je pense que l’agilité dans une entreprise est fondamentale et que moins nous connaissons l’avenir plus nous avancerons à pas de géants! Le marché du vélo électrique est en plein boom, la relocalisation d’un savoir-faire français en production a enfin une prise de conscience, nous avons des tonnes de projets dans les cartons ou même déjà en construction… Tout semble aligner en je m’en réjouis bien entendu, mais je pense sincèrement que cela ne suffit pas et que nous aurons des signaux faibles que j’ai envi de voir vraiment pour diriger les Ateliers Heritagebike là où nous devons aller et peut-être même là où l’on ne nous attend pas!.
Quelle entreprise, autre que la vôtre bien sûr, auriez-vous été fier de créer et pourquoi ?
X.W. : Je suis admiratif des entrepreneurs ayant réussi à imposer des convictions et du sens tout en étant performants dans leur business. J’ai la chance de rencontrer beaucoup de belles personnes au travers des Sommets du Digital que j’organise depuis plus de 6 ans maintenant mais c’est aussi lors des échanges dans mon club APM que j’apprécie des entrepreneurs qui sont inspirants et brillants. Et je suis autant admiratif d’un entrepreneur d’une PME ou même un artisan passionné que la grande firme. Pour répondre à votre question, et comme beaucoup je pense, j’ai deux modèles iconiques qui m’ont toujours impressionné: Apple et Tesla pour qui l’innovation est au cœur de tout. Je crois que depuis ma première création d’entreprise il y a plus de 20 ans c’est l’innovation et le coté visionnaire qui me bouscule le plus.
Quel message feriez-vous passer si vous deviez donner une conférence à TED ?
X.W. : Ce qui me caractérise peut être le plus reste ma spontanéité et ma paresse face à la routine. C’était un calvaire pour moi lors de mes études car je n’étais pas en adéquation avec un système rigide et trop programmé d’avance. J’ai frôlé plusieurs fois l’échec à cause de cette personnalité qui ne rentre pas dans les cases et un jour j’ai décidé de ne plus la subir mais bien de l’assumer et pourquoi pas d’en faire une force. Ce déclic je l’ai eu au cours de mes années en école de commerce et particulièrement lors d’un stage raté. Puisque le moule professionnel que l’on me proposait n’était pas fait pour moi, pourquoi ne pas le créer? Et c’est de là que l’idée de devenir indépendant à commencer. Et depuis je ne le regrette pas car j’assume beaucoup plus mais surtout je subis beaucoup moins. Et à 50 ans, ma vraie sagesse et de ne jamais me mentir et de bien me connaitre. Bien sur ce n’est pas toujours aussi facile que ça et j’ai encore des contractions mais d’assumer mes différences et d’être sans filtre m’a permis de rencontrer des belles personnes.
Quels sites trouve-t-on dans vos favoris ?
X.W. : Je suis un adepte de la sérendipité et c’est un des points que j’aime dans la navigation internet. Trouver ce que l’on ne cherche pas est d’une richesse sans égal. J’aime assez le premier vernis des réseaux sociaux qui sont autant d’appels à sa curiosité et à aller plus loin. J’ai la chance d’être un très petit dormeur et de commencer souvent ma journée avant 4 heures du matin. Ce temps rien qu’à moi me permet de vagabonder avec une pression du ratio temps/efficacité moins important que le reste de la journée. J’ai la chance d’habiter près du lac d’Annecy entre lac et montagne et cet environnement exceptionnel j’en profite au maximum avec le plus souvent des pauses paddle l’été et ski l’hiver.
Merci Xavier Wargnier
Merci Bertrand