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A quoi ressemble vraiment la planète

Pour le savoir, @Cyril Bruyelle a sillonné le monde, caméra et bloc-notes à la main, pour rencontrer les gens de toutes cultures, interviewant plus de 750 personnes de 80 nationalités sur les cinq continents. Il a interrogé des personnalités aussi différentes qu’un ancien président bolivien, une employée russe, un nomade mongol ou une étudiante birmane, en leur posant à chaque fois les 20 mêmes questions : selon vous, quelle est la personne la plus heureuse du monde ? qu’est-ce que tous les enfants devraient apprendre à l’école ? si vous deviez décrire la planète à un extraterrestre, que lui diriez-vous ?… Un livre poignant est ressorti de ce périple : NOUS, humains ! A notre tour d’interviewer l’auteur et fondateur de @20 Questions to the World .

 

 

Bonjour Cyril Bruyelle, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

A vrai dire cela fait déjà plus de deux ans que j’écris ce livre. Quand j’ai créé 20 Questions to the World en juillet 2016, mon objectif premier n’était pas d’en faire un livre. Ma démarche visait avant tout à essayer de mieux comprendre le monde, alors un peu perdu dans l’obésité médiatique, en allant simplement poser des questions aux gens.

Je me souviens en revanche très bien de quand j’ai eu l’idée d’écrire un livre. C’était environ à la moitié de mon voyage d’un an initié en janvier 2017. Après avoir remonté l’Amérique latine de l’Argentine à la Colombie en faisant des interviews d’une richesse incroyable – d’un ancien président Bolivien à un dealer de cocaïne dans les favelas de Rio – je me trouvais alors à Dallas aux Etats-Unis. Là-bas aussi, en quelques jours, j’étais parvenu à rencontrer une grande diversité de personnes : serial entrepreneur multi-millionnaire pro Trump, jeunes étudiants noirs des quartiers défavorisés, employés latino-américains ou asiatiques américains, etc. J’ai alors eu un débordement d’émotions totalement non contrôlé. J’étais tranquillement assis sur un fauteuil à balance sur le parvis d’une maison de lotissement (une vraie scène à la Gran Torino) quand je me suis littéralement effondré en pleurs (là on est plus sur du Desperate Housewives…). C’étaient évidemment des larmes de joie, faisant s’écouler un trop plein d’humanité, et sûrement un premier sentiment d’accomplissement. Je sentais que certaines tendances se dessinaient dans les quelques milliers de réponses que j’avais déjà entendues, dont une qui chapeautait toutes les autres : en tant qu’humains, nous sommes bien plus les mêmes que nous le pensons.

Le temps de reprendre mes esprits, et désireux de ne pas laisser s’envoler de telles émotions, j’ai alors pris mon téléphone et ait appelé la mère d’un ami qui est agent éditorial. Je lui ai dit que j’avais des choses à raconter, que je ne savais pas encore bien comment, mais qu’à la fin de mon voyage en décembre 2017 j’y verrai plus clair. C’est donc après ce que coup de fil que j’ai commencé à écrire les premières lignes du livre, au fil des quelques mois de voyage qu’il me restait.

Une fois rentré, il a fallu réfléchir plus en détail au projet éditorial, le présenter aux maisons d’éditions, et surtout finir l’écriture du livre. J’étais alors extrêmement pressé et voulais que le livre soit publié dans les six mois après mon retour. Ce sera finalement deux ans plus tard, et c’est beaucoup mieux comme cela. C’est le temps qui était nécessaire pour analyser les milliers de réponses collectées, et surtout digérer cet incroyable shot d’humanité que j’ai pris pendant un an. Vous trouverez dans ce livre un récit de voyage, une trentaine d’interview retranscrites en intégralité, et surtout une partie d’analyse des milliers de réponses collectées. A votre tour de prendre un shot d’humanité !

 

Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

J’hésite entre deux !

D’abord le peut-être le gentil avant-propos de Yann Arthus-Bertrand :

Je suis heureux d’apporter tout mon soutien à « Nous, humains ! » ainsi qu’à Cyril Bruyelle dans cette aventure qui a pour voca­tion d’écouter les gens et de les aimer.

De la Bolivie jusqu’en Syrie et en passant par les États-Unis, vous en apprendrez plus sur l’humain que n’importe quelle étude. La pluralité de ces témoignages engage notre propre réflexion sur le monde dont nous faisons partie et comment le rendre meilleur, c’est pour moi une quête essentielle. Nous ne sommes jamais assez nombreux pour réveiller les consciences et je crois fermement que ce sont les optimistes qui façonnent l’avenir.

Un grand bravo à Cyril et à toute son équipe qui a su mener à bien ce projet et mettre du cœur à l’ouvrage.

Chacun d’entre nous peut contribuer à changer le monde.

 

Ensuite sûrement le passage qui introduit la partie regroupant les 30 interviews, vous comprendrez facilement pourquoi en le lisant :

Les 30 interviews qui suivent représentent moins de 5 % des entretiens réalisés. Autant que possible, elles ont été choisies dans un objectif de représentativité. Vous y trouverez une grande diversité de profils et de réponses. Les retranscrire en intégralité dans ce livre, telles quelles, sans coupe ni filtre, me donne la sensation de vous faire vivre pleinement ce que j’ai expérimenté depuis le début de 20 Questions to the World. Cela m’émeut beaucoup. Pour un profil donné – paysan, entrepre­neur, politicien –, vous allez accéder à certains traits profonds de sa personnalité – ses rêves, ses peurs, ses besoins –, ainsi qu’à sa vision globale du monde – son idée du futur, de l’éducation, de la religion. Un précieux mélange d’émotions et d’opinions qui permet, je l’espère, de dépasser la stigmatisation dogma­tique et hâtive que j’évoquais au début de ce livre. C’est une sorte de miniature de l’humanité qui va défiler sous vos yeux.

Lire ces interviews, c’est aussi se prendre au jeu de la compa­raison. Très vite, la réponse de l’un vous renverra à celle d’un autre, lue quelques instants plus tôt. Vous comparerez alors leur profil social mais aussi peut-être le reste de leur entretien, en essayant de comprendre les principaux points de divergence ou de rapprochement.

Je parle beaucoup de différences depuis le début du livre. Différentes personnes, différentes opinions, différentes nationa­lités… J’espère que vous allez aussi percevoir les convergences dans les interviews qui vont suivre, et qu’elles vous surpren­dront comme elles m’ont surpris. Étonnamment (ou pas), cer­taines questions amènent souvent les mêmes types de réponses. Doit-on trouver cela ennuyant ? J’ai la naïveté de penser que ces redondances mettent en lumière la solide base d’humanité qui est en chacun de nous.

 

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

Le sentiment de communauté mondiale, d’unité humaine. Cela paraît un naïf optimisme à une époque de résurgence des nationalismes mais je pense que cela viendra. En très peu de temps, le monde s’est connecté, a créé un maillage d’interdépendances extrêmement dense, et il commence à prendre conscience de l’unité de son destin. Cela fait peur dans un premier temps, mais je suis sûr que dans quelques décennies la notion de communauté « humaine » primera sur les autres formes de communautarisme. On n’est peut-être pas tous dans le même bateau, mais nous devons à minima voguer dans la même direction si nous souhaitons résoudre nos enjeux sociaux, économiques, ou écologiques qui sont aujourd’hui largement globalisés.

 

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

Croyez en nous ! (les humains)

 

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

Parti d’une volonté de comprendre, l’association cherche aujourd’hui à rapprocher les gens, et à les faire se sentir plus humains. Nous avons déjà une borne où le monde se parle, et nous préparons pour 2020 une exposition artistique grand format où le but sera de créer de la rencontre, réelle ou virtuelle, entre les gens.

Nous ne demandons tous qu’à être plus humains dans ce monde qui nous paraît de plus en plus dur. Si on peut être un petit élément déclencheur, on sera très heureux !

 

Merci Cyril Bruyelle

 

Le livre : NOUS, humains, Cyril Bruyelle, Alisio, 2019