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NoPhone : la fin de la guerre contre les smartphones dans les écoles ?

Face à l’invasion des smartphones dans les écoles, Guillaume Vilain propose une solution radicale et innovante. Avec NoPhone, il transforme le rapport des élèves à la technologie, tout en redonnant du souffle aux enseignants et à la vie scolaire. Rencontre avec un entrepreneur engagé qui rêve d’une révolution éducative et sociétale.

 

 

Bonjour Guillaume Vilain, quel problème vous proposez-vous de résoudre avec NoPhone ?

Les smartphones sont partout. C’est devenu l’objet qui nous connecte à tout… sauf à ceux qui sont juste à côté de nous. Dans les collèges et lycées, c’est encore pire : on ne parle plus de simples distractions, mais d’un tsunami qui emporte tout sur son passage. Les cours ? Sabotés. Les relations sociales ? Diminuées. Les profs ? Épuisés. Les parents ? Paniqués.

Deux chiffres pour vous donner une idée du phénomène :1 élève sur 3 ne respecte pas l’interdiction des smartphones à l’école, même dans les collèges et lycées « réputés ».1 enseignant peut perdre jusqu’à 20 minutes par heure à gérer des soucis liés aux téléphones.

Faites le calcul sur une journée, sur une année. Combien d’heures volées ? Et là, nous ne parlons que du temps d’écran à l’école. Ajoutez à cela, les bagarres filmées ou les nudes envoyées depuis les toilettes.

Ce n’est pas l’outil que je remets en question, mais ses usages déviants qui prennent le dessus et sont complètement hors de contrôle.

 

Quelle est votre recette magique ?

Notre « magie » réside dans une idée simple : et si nous arrêtions de nous battre contre les téléphones ?Interdire ne fonctionne pas. Surveiller, c’est une perte de temps et d’énergie pour l’équipe pédagogique. Mais prendre directement conscience des effets sans smartphone, là, c’est un game-changer.

Concrètement, chaque élève arrive à l’école, place son smartphone dans une pochette qu’il verrouille lui-même sous la supervision d’un adulte. La pochette reste sur lui, mais le téléphone devient inaccessible. À la sortie, il déverrouille et retrouve son précieux.

Pas de confiscation, pas d’humiliation, pas de panique. Juste un cadre clair et respecté à 100 % en moins de 3 semaines.

Les résultats ? Spectaculaires ! Les établissements redeviennent enfin des espaces d’apprentissages, créateurs de liens sociaux où les élèves se concentrent, et les profs peuvent enfin enseigner, sans jouer les gendarmes.

 

Un sujet relatif à votre start-up, pour apprendre quelque chose de nouveau ?

Depuis plus de 20 ans, je travaille pour les jeunes, leur apprentissage, leur bien-être mental, mais aussi contre le harcèlement scolaire et l’isolement social. Pourquoi ? Parce que la course aux profits des géants dégrade méchamment toute une génération. Je ne parle pas juste de TikTok ou des heures passées à scroller. Je parle de solitude. D’anxiété. De santé mentale en chute libre.

Les ados, avec une utilisation maîtrisée, passent au minimum 50 jours par an sur leur smartphone. Ceux qui n’ont pas de cadre dépassent les 100 jours par an !Ils se sentent seuls. Ils ne se parlent plus réellement, ne jouent plus ensemble, ne se regardent même plus dans les yeux.

Résultat ? Isolement, repli, et une hausse des gestes suicidaires, surtout chez les adolescentes.

NoPhone, c’est ma réponse à ça. Ce n’est pas un gadget. Ce n’est pas juste des minutes qu’ils récupèrent. C’est leur capacité à rêver, à créer, à se connecter aux autres et à eux-mêmes. Ce qu’ils regagnent, c’est une meilleure version d’eux-mêmes.

 

Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose ?

« Pourquoi NoPhone est-il plus qu’une solution contre les smartphones ? Pourquoi c’est une vraie révolution dans l’éducation et la société ? »

Parce que NoPhone, ce n’est pas juste une pochette qui bloque un téléphone. C’est un outil pour montrer concrètement qu’on gaspille notre temps, notre énergie, et notre attention. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où les objets bas de gamme et les distractions sont en promo permanente.

Les gens pauvres achètent des trucs qui ne valent rien. Les gens fainéants achètent des distractions. Les gens riches achètent du temps. Les gens ambitieux achètent des compétences. Et devinez quoi ? Les jeunes, eux, se font piéger dès le départ.

Quand NoPhone arrive, en moins d’un mois, les élèves redécouvrent quelque chose d’incroyable : la vie. C’est bizarre à dire, ce n’est pas de la magie, mais les pauses deviennent des moments d’échange, de jeux, de rigolades. Les profs retrouvent leur rôle et l’établissement reprend son souffle.

Un directeur m’a dit : « Avec NoPhone, ce n’est pas une interdiction de plus. C’est une vraie désintox numérique. Nous ne punissons pas, nous libérons. Et ça, c’est révolutionnaire !  »

 

Quelle entreprise auriez-vous été fier de créer et pourquoi ?

J’admire profondément Red Bull. Ils ont réussi à créer bien plus qu’une boisson : un univers entier dédié à l’énergie, au dépassement de soi, et à la conquête des limites.Ils ont transformé une simple canette en un symbole culturel. Que ce soit en Formule 1, dans les sports extrêmes, ou à travers des événements fous comme le saut de Felix Baumgartner depuis l’espace, leur marketing repousse constamment les frontières de ce qui semble possible.

Mais voilà, même les plus grands peuvent encore s’améliorer. Pour moi, la perfection se situerait à mi-chemin entre Red Bull et Patagonia. Patagonia incarne le succès durable : une marque qui prouve qu’on peut avoir un impact commercial tout en laissant un impact positif sur la planète.

Si Red Bull pouvait adopter cette même éthique, en intégrant des valeurs environnementales et sociétales fortes, ils deviendraient bien plus qu’une marque iconique. Ils inspirent déjà les gens à se dépasser, mais imaginez une version de Red Bull qui montre qu’on peut voler haut et loin, sans laisser de traces derrière soi. »

 

Quel message feriez-vous passer lors d’une conférence TED ?

« Les smartphones, c’est comme des incendies : mal contrôlés, ils brûlent tout sur leur passage. Et dans trop d’écoles, de familles, le feu est déjà hors de contrôle. »

Le problème, ce n’est pas le feu. C’est que nous laissons nos enfants jouer avec sans leur apprendre à s’en servir. Nous leur donnons un outil capable d’éclairer leur chemin, sans formation, et ils finissent par s’y brûler.

Prenez le Nouvel An 2024. Une marée de téléphones levés sur les Champs-Élysées. Des milliers de personnes, les yeux rivés sur leurs écrans, à filmer ce qu’elles ne regardent même pas. Nous archivons des souvenirs pour quelques likes.

Mais il n’est pas trop tard. Nous pouvons inverser la tendance. Mon message est simple : nous devons apprendre à dompter ce feu. Pas pour l’éteindre, mais pour le canaliser. Parce qu’un feu maîtrisé, ça éclaire, ça réchauffe, et ça ouvre la voie à un avenir plus lumineux. »

 

Quels sites trouve-t-on dans vos favoris ?

J’adore la technologie quand elle est maîtrisée. J’aime me tenir au courant des innovations et m’inspirer des gens qui repensent notre rapport au numérique. Voici quelques exemples :

  • The VergeWired, et Presse Citron : pour rester au top des tendances tech.
  • Chut Magazine et Usbek & Rica : pour des réflexions plus profondes sur leurs impacts culturels et sociaux.
  • Pour le road trip et l’aventure, je suis fan de Gregsway, un créateur belge qui montre qu’il suffit de prendre un van, une voiture, et de partir pour découvrir ce qu’il y a de plus beau, hors ligne.

 

Le vrai luxe, c’est de débrancher pour mieux se reconnecter à ce qui compte vraiment.

 

Merci Guillaume Vilain

 

Merci Bertrand Jouvenot