L’IA n’est plus une option — c’est une boussole, affirme un duo mère-fille

Dans IA et salariés augmentés, Océane Mignot et sa fille Lana Mignot livrent une vision engagée et concrète de l’intelligence artificielle au travail. Ce guide stratégique croise terrain, pédagogie et convictions pour aider les décideurs à faire de l’IA un levier utile, accessible et humain.
Bonjour Océane Mignot, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?
Océane Mignot : Parce que si on ne le faisait pas maintenant, c’est l’IA qui allait l’écrire à notre place !
Plus sérieusement, ce livre est né d’une urgence et d’une conviction. L’urgence, c’est celle d’un monde du travail en pleine mutation : de plus en plus d’entreprises testent des IA, s’y perdent parfois, ou hésitent entre fascination technologique et prudence RH. La conviction, c’est que nous avions quelque chose d’utile à apporter : une vision croisée, intergénérationnelle, entre expérience du terrain et fraîcheur du regard.
Avec Lana, ma co-autrice, nous avons vu passer des tonnes de discours anxiogènes, de promesses irréalistes, et d’approximations techniques dignes d’un mauvais épisode de Black Mirror. Nous voulions remettre les pendules à l’heure, avec pédagogie mais sans langue de bois. Pourquoi maintenant ? Parce que c’est le moment charnière : l’IA n’est plus une option — c’est une boussole. Encore faut-il savoir l’utiliser.
Et puis, soyons honnêtes : il fallait bien un contrepoids sérieux aux PowerPoints flous qu’on nous vend sur « l’IA transformative » en trois couleurs et demi. Ce livre, c’est notre réponse : documentée, accessible, et surtout… utile pour les vrais décideurs, pas pour les robots.
Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?
O.M. : Je pourrais parler des pages sur les approches techniques de l’IA, ou de celles où on dissèque les biais algorithmiques comme un épisode de CSI version Data. Mais celle qui me ressemble le plus, c’est l’introduction. Parce qu’on y dit tout : pourquoi on écrit, à qui on parle, et comment on veut que le lecteur se sente en refermant le livre.
On y évoque notre duo mère-fille, nos débats passionnés (parfois musclés) sur les promesses et les dérives de l’IA, notre fascination commune pour les entreprises qui osent se transformer vraiment… et notre volonté de transmettre quelque chose d’utile, sans céder à la peur ni à l’effet de mode.
On y lit aussi notre parti pris : refuser les caricatures. Non, l’IA ne va pas nous piquer notre boulot en un clic. Non, elle ne va pas tout résoudre comme par magie. C’est plus nuancé, plus complexe… et c’est justement là que ça devient passionnant !
Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?
O.M. : Trois tendances me font littéralement trépigner :
L’essor des experts virtuels.
On assiste à une révolution silencieuse : l’IA ne se contente plus de répondre à des questions, elle devient mentor, coach, assistant. Imaginez un RH qui a, à portée de clic, un “expert de poche” capable de décoder le Code du travail à 23h un dimanche soir sans râler. C’est ce que nous développons chez SIMPLOO, et croyez-moi, ça change tout : moins de dépendance aux silos internes, plus d’autonomie, et beaucoup moins de stress dans les équipes.
L’IA frugale.
Parce qu’on en a marre des modèles qui consomment autant qu’un avion long-courrier pour nous dire la météo. L’IA de demain sera sobre, efficiente et éthique. C’est un peu comme passer de la fast-tech à la slow-AI. On garde la puissance, mais on arrête le gâchis énergétique. Un sujet passionnant… et indispensable.
Le retour du bon sens métier.
La meilleure IA du monde ne sert à rien si elle ne comprend pas les vraies contraintes du terrain. Je suis très optimiste sur les solutions co-construites entre tech et opérationnel. On voit de plus en plus de DSI sortir de leur bunker pour dialoguer avec les RH, les juristes, les commerciaux. Et là, magie : les projets IA tiennent debout. Enfin.
Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?
O.M. : Ne laissez jamais un projet IA entre les seules mains des geeks… ou des consultants en transformation digitale sans backup technique. Soyez acteurs. Posez des questions (même les plus bêtes). Exigez des cas d’usage. Refusez les « usines à gaz IA » sans valeur ajoutée.
Et surtout, testez ! L’IA n’est pas un concept. C’est un terrain de jeu. Montez un POC, faites-le planter, recommencez. Les projets qui marchent sont rarement ceux qui avaient le meilleur budget ou le plus gros algorithme. Ce sont ceux où les gens ont compris pourquoi ils le faisaient.
Ah, et un petit bonus : lisez notre livre 😉. Il est conçu comme une boussole dans la jungle actuelle de l’IA. Et contrairement à beaucoup de rapports de consultants… il se lit vraiment jusqu’à la fin.
En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?
O.M. : Réinvention.
Réinvention des rôles, des organisations, de la façon dont on transmet les savoirs. L’IA n’est pas la fin d’un monde — c’est l’occasion d’en repenser les règles. Et moi, ce qui me passionne, c’est d’aider les entreprises à ne pas se contenter d’adopter une techno… mais à en faire un levier pour repenser leur mission, leurs métiers, leur culture.
Et si je triche un peu et ajoute un deuxième mot : transmission. Parce que ce savoir, ce recul critique, cette capacité à relier technologie, terrain et stratégie, il faut maintenant les partager. C’est d’ailleurs l’objet du tome 2, à venir très bientôt… 😉
Merci Océane Mignot
Merci Bertrand Jouvenot
Le livre : IA et salariés augmentés, Océane Mignot, Lana Mognot, ÉditionBlast, 2025.