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Le plus grand risque, c’est de ne pas en prendre

Changer son rapport à l’échec ! Et si c’était possible ? Michel Poulaert, l’auteur de Pour réussir osez échouer en est intiment persuadé. Pour en avoir le cœur net, nous avons interviewé cet optimisme notoire qui partage avec nous ses convictions, ses méthodes, ses encouragements, afin de nous inviter à nous élever tant professionnellement que personnellement.

 

Bonjour Michel Poulaert, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

 

Michel Poulaert : Si le livre sort en pleine crise sanitaire, cela n’a pas été calculé. Les Éditions Vuibert m’avaient commandé cet ouvrage peu avant que nous ne subissions les confinements successifs. Le hasard des événements fait qu’il sorte probablement au moment où les gens en tireront le plus de bénéfices. Quoi que… vivre des échecs est intemporel et touche toutes les périodes de l’Histoire et de la Vie, au même titre que tout le monde est concerné par ce sujet : nous échouons tous et à tout moment.

Cet ouvrage est avant tout une réponse aux nombreuses remarques que j’ai reçues au fil des ans : « pour toi c’est plus facile, tu réussis tout ce que tu entreprends ! » ou « c’est facile pour toi, tu es toujours optimiste ! ». Le succès n’est qu’un regard sur un instant T et la plupart des gens oublient que derrière chaque succès un prix fort a été payé pour y arriver : c’est celui des échecs, parfois nombreux et douloureux.

Je démontre que les gens qui semblent avoir plus de chance que la moyenne ou qui réussissent plus souvent sont des personnalités audacieuses et entreprenantes et surtout dont leur rapport aux échecs est clair : ils sont la preuve que vous êtes sur le chemin de la réussite ! Ils tentent plus souvent, donc par logique quasiment mathématique, ils réussissent aussi plus.

L’objectif du livre est d’encourager le lecteur de faire la paix avec ses propres échecs. Mieux encore, de les considérer comme des apprentissages, des signes de courage, d’audace et d’esprit d’entrepreneur. Avec de nombreux conseils et des anecdotes vécues et histoires inspirantes de personnalités dont on ne parle pas assez, le lecteur découvre qu’ils ont le pouvoir de changer leurs difficultés en merveilleuses opportunités.

C’est consciemment que j’ai aussi révélé quelques anecdotes personnelles et inédites afin d’imprégner cet ouvrage d’authenticité, de vulnérabilité, d’espoir et de conseils.

 


Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

 

M.P. : S’il y a probablement un chapitre clé qui me représente le mieux c’est le chapitre intitulé « Face à la peur d’échouer, décider et agir ! »
L’action a toujours au centre de ma vie.

S’il y a bien un moteur puissant qui motive, c’est l’idée de vivre pour ne pas avoir de regrets.

Quand je vois le nombre de gens, sur leur lit de mort ou en fin de vie, dire « j’aurais tellement aimé faire ça » ou « si j’avais eu le courage j’aurais fait ça »… Vivre avec des regrets est, selon moi, une épouvantable fin de vie ! Donc du coup, je préfère prendre le risque de me tromper et ne pas avoir de regrets que ne rien tenter en prenant un autre risque : que rien ne se passe dans ma vie. Et donc, par la force des choses, à force d’échouer, je réussis beaucoup de choses.

Voici un extrait de ce chapitre en question :

« Sortons un instant de tous ces discours ésotériques qui font croire qu’il y a une part de magie dans la réussite ou qu’il y aurait une main providentielle ou un pouvoir venu des étoiles pour ceux qui paraissent plus heureux que d’autres.

S’il y a bien des discours qu’il faudrait éviter d’urgence, ce sont ceux qui font penser que des éléments divins ou miraculeux sont la cause du succès ou de l’échec des uns et des autres.

Comme je le disais plus haut, la plus grosse influence sur notre bonheur, nos succès ou nos échecs sont les résultantes de nos choix, de nos actions et de nos non-choix ou inactions.

Si tout n’est pas explicable, si certains récits de succès et d’infortune semblent être une accumulation d’éléments indépendants de nos choix, il n’en est pas moins que le point commun de tous ces constats est la prise de décision. Cette prise de conscience responsabilise autant qu’elle augmente le taux de confiance en soi dont on a besoin pour se sentir pleinement en paix avec soi et son environnement.

 

On peut effectivement être une victime de la vie, nous ne sommes pas toujours responsables de ce qui nous arrive, c’est un fait. Certaines vies sont épouvantablement touchées par une succession incroyable d’infortunes. Néanmoins, les gens les plus heureux sont ceux qui sont capables de transformer et d’accorder du sens à ce qui leur arrive, quoi qu’il leur arrive et quelle que soit la source de leur adversité. Nous avons tous cette capacité à donner du sens au pire.

 

« Le hasard n’existerait donc pas ? » pourriez-vous me demander.

Si ! Bien entendu que le hasard existe ! Encore faut-il être capable de l’accueillir, le transformer, le magnifier, le convertir, l’adapter, le rénover.

L’un des points forts des personnalités optimistes c’est la capacité à savoir saisir ce qui leur arrive pour lui donner un sens positif, voire constructif. »…
« 
Quoi qu’il arrive, quoi que les autres pensent, c’est être dans l’action, aussi imparfaite que soit l’idée ou l’action elle-même ! Les optimistes savent que la perfection est souvent l’ennemi de l’action. Si la perfection est symbole de raffinement dans le monde du luxe et des arts, elle est souvent paralysante pour ceux qui sont convaincus qu’il faut se lancer que si la perfection est au bout du projet. Se lancer avec la conviction que le projet peut s’affiner sur le chemin est encore un état d’esprit des gens chanceux ! La perfection, ça se travaille avec la pratique de l’imperfection au départ, pour s’améliorer de jour en jour. »…

« L’optimisme c’est être dans l’action avec la certitude que les réponses manquantes (je dis bien « manquantes », ce qui suggère que vous avez un plan d’action, j’insiste là-dessus) se trouvent dans l’action ou, dit avec une poésie métaphorique : on découvre les réponses manquantes sur la route et dans les rencontres. »

 

Au fond, le livre est quasiment une autobiographie sans en être une. J’ai envie de dire qu’il s’agit d’une autobiographie comportementale, d’actions et de certitudes acquises au fil de mon existence et de mes nombreux échecs, mais aussi des succès, bien entendu. Je n’ai pas voulu parler de moi pour « me la raconter », mais pour que le lecteur se reconnaisse dans des histoires de « monsieur tout le monde » qui a réussi à atteindre plusieurs de ses rêves (vous lisez bien que je n’ai pas dit « tous mes rêves »). C’est aussi la raison pour laquelle je me suis beaucoup documenté, lu beaucoup de biographies, nourrit par de nombreux documentaires biographiques, pour raconter des histoires de grandes personnalités dont on ne parle pas assez. On lit inlassablement toujours les mêmes histoires sur le Net, j’espère avoir réussi mon pari de surprendre le lecteur et d’autant l’émerveiller que l’inspirer.

 

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

 

M.P. : Nous vivons des temps fascinants ! Jamais, dans l’Histoire de l’humanité il n’a été aussi facile d’entreprendre, de voyager, de développer des projets, de se développer soi-même. Il suffit d’ailleurs d’observer nos jeunes, cette désormais redoutée « génération Z » ou « Millenials » , qui appréhendent le monde différemment que leurs ainés et parents. Les valeurs, les besoins, les enjeux ne sont plus ceux que nous avons connus. Cette jeunesse, né dans le numérique, tablettes et écrans à la main, rêve de voyages, d’épanouissement, d’entreprendre avec liberté, leur vision va bien au-delà de l’Hexagone : ils parlent d’autres langues et s’internationalisent, ils sont curieux, plus investis, concernés par l’écologie, la politique, l’entreprenariat, l’épanouissement. La notion qu’ils se font de l’échec est bien plus optimiste que les générations précédentes. Alors, si la tendance est centrée sur le développement de soi et de ses « soft skills », c’est plutôt une excellente nouvelle car nous avançons vers plus de conscience que notre vie ne tourne pas qu’autour du succès professionnel ou d’une carrière. La notion de succès a changé, il n’est plus là où on nous avait dit qu’il devait être : dans la stabilité d’un emploi et d’une vie « bien rangée ».

Dans ces prises de conscience, le droit à l’échec émerge progressivement, enfin ! La globalisation des cultures a rendu possible d’envisager qu’il est possible de vivre autrement que ce que nous avons appris culturellement, parce qu’en France nous avons appris à réussir, mais pas à échouer. Pendant de nombreuses années échouer était signe de faiblesse entrainant de l’humiliation voire du rejet. Enfin les regards changent progressivement et c’est au bénéfice de chacun d’entre nous et de nos belles entreprises !

 

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

 

M.P. : De se réconcilier en urgence avec les représentations qu’il se fait de ses propres échecs. Les échecs sont inévitables, aussi « parfait » soient les plans qu’on se fait. Des plans parfaits sur papier, cela n’existe pas. Les inventeurs, ingénieurs et inventeurs vous le diront clairement. A un moment donné, il faut se lancer ! Si vous n’avez pas toutes les réponses et garanties que vous cherchez, soyez convaincus que les réponses à ces questions se trouvent le plus souvent sur le chemin que vous allez parcourir. Changez donc votre regard sur vos échecs car ils en disent beaucoup sur votre force de caractère et votre détermination.

Oui, nous échouons tous mais seuls ceux qui ont tenté ont réussi. Personne n’a atteint de succès dans le fond de son canapé. Échouer, c’est une représentation que nous pouvons moduler à notre avantage.

 

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

 

M.P. :  Cette question est difficile à répondre. Je suis un éternel curieux assoiffé de connaissances et de rencontres. Ce qui me fascine c’est la psychologie humaine : pourquoi les gens sont ce qu’ils sont et pourquoi ils font ce qu’ils font. La génétique et les sciences cognitives sont des domaines qui se développent à grande vitesse et nous permettent de mieux comprendre nos fonctionnements complexes mais aussi d’apporter des réponses pleines d’espoir qui nous permettent de comprendre que nous sommes responsables de la qualité de notre vie et de nos résultats. Plus on apprend sur le cerveau, plus nous apprenons à nous connaître et ça me captive au plus haut point ! Les découvertes le confirment de plus en plus : nous sommes responsables de notre qualité de vie. Pour réussir, osez échouer !

Bonjour Michel Poulaert,
Quel optimisme, merci Michel
Merci Bertrand

Le livre : Pour réussir, osez échouer !, Michel Polaert, Vuibert, 2021