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ELON MUSK, l’entrepreneur qui va révolutionner le futur

Elon Musk a eu des triplés, puis des jumeaux, avec l’une de ses sept femmes. Il a donné comme prénom à son sixième garçon un nom de robot : X Æ A-12. Certes, l’homme engagé dans la reconquête de l’espace, régulièrement critiqué mais non moins admiré, est déroutant. Pour rédiger la première biographie en français d’un tel personnage, il fallait un historien : Luc Mary. Ecoutons l’auteur d’Elon Musk, l’homme qui invente notre futur, nous parler d’un homme qui l’a fasciné, autant que d’autres figures historiques qui elles aussi ont changé le monde.

 

 

Bonjour Luc Mary, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

 

Luc Mary : A l’occasion des 50 ans d’Elon, l’homme de tous les défis et de tous les espoirs ! Il y a tout juste un an, en mai 2020, Elon Musk a en effet réveillé le rêve spatial. Neuf ans après l’arrêt des lancements de la navette spatiale, le vol de sa capsule Crew Dragon du 30 mai a ouvert une nouvelle ère : celle de la reconquête de l’espace. Pour la circonstance, pas moins de 200 000 personnes étaient massées autour du centre spatial Kennedy, comme aux temps les plus forts des missions Apollo. Tant dans la conception rétrofuturiste que dans la nature de ce vol, en l’occurrence le premier lancement spatial d’astronautes effectué par une firme privée, SpaceX, l’évènement du 30 mai 2020 est une date historique à plus d’un titre. Et l’homme de ce renouveau technologique n’est autre qu’Elon Musk, le défenseur d’un futur plus propre, plus harmonieux et plus respectueux de l’environnement. Le fondateur de SpaceX veut faire de l’homme une espèce multi-planétaire et ce futur commence maintenant, avec la mise au point de son Starship, le vaisseau qui transportera les premiers terriens sur un autre planète après un voyage de plusieurs mois. En effet, nous sommes à l’aube d’une nouvelle grande étape de l’exploration humaine du Cosmos, à l’exemple de l’épopée des grands navigateurs européens du début de la Renaissance dont Christophe Colomb est la figure la plus emblématique. Aujourd’hui, la « nouvelle Amérique » a des airs de planète rouge. Sa surface équivaut à celle de tous les continents émergés de notre planète. A priori, elle n’est pas habitée par une quelconque forme de vie mais elle serait habitable moyennant quelques transformations. En d’autres termes, Elon Musk entend non seulement explorer Mars mais y installer durablement des colonies. A long terme, la quatrième planète du Système Solaire devrait devenir une seconde Terre. Pour sauver le Monde, on se doit de découvrir un nouveau monde, tel est le vœu le plus cher d’Elon Musk, ce sud-africain naturalisé américain à l’âge de 32 ans…

 

 

Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

 

L.M. : S’il fallait en retenir une, je mentionnerais la page 100, celle qui illustre le mieux l’esprit révolutionnaire d’Elon. Elle est sous-titrée « Hawthorne, ou le mariage forcé du spatial et du social ». « … Pour remporter le défi du programme COTS ( à savoir le Service de transport commercial orbital de la NASA ), SpaceX dispose de nombreux atouts, à commencer par ses tarifs de lancement défiant toute concurrence. Pas plus de 60 millions de dollars par tir de fusée ! La raison : là où ses concurrents font appel à des fournisseurs extérieurs aux Etats-Unis, SpaceX fabrique tout le matériel dans sa nouvelle usine californienne à Hawthorne, située près de l’aéroport de Los Angeles. Des carénages des fusées aux capsules, des moteurs aux ordinateurs de bord en passant par les circuits intégrés, les détecteurs de vibrations et les panneaux solaires, tout est absolument monté sur place. C’est le principe de « la construction intégrée » pour reprendre l’expression d’Ashlee Vance dans sa imposante et brillante biographie. Un bâtiment entièrement blanc, un espace non cloisonné où les salles de réunions, les bureaux et les zones de soudage et de construction sont séparées par de simples murs de verres transparents. On peut même y croiser des fusées déjà lancées ou encore les futurs lanceurs de SpaceX. Plus de 50 000 m² où se côtoient aussi bien des techniciens de base que des ingénieurs, des cols bleus sous pression que des cols blancs aguerris. Non seulement Elon Musk veut révolutionner la conquête de l’espace, mais il entend aussi proposer un nouvel espace de travail. Hawthorne, c’est avant tout le mariage réussi du spatial et du social. Pour parfaire le tout, SpaceX propose de réutiliser ses lanceurs suite à la récupération des étages. Un voyage aller-retour en quelque sorte. Fini la perte sèche des fusées, fini leur désintégration spectaculaire dans notre atmosphère. D’une certaine façon, SpaceX propose des fusées pourvues des atouts de la navette spatiale. Grâce à des inverseurs de poussée, les Falcon reviendront sur Terre, quitte à atterrir ou plutôt à amerrir sur une plate-forme nichée au milieu du Pacifique. C’est tout au moins les convictions profondes de Tom Mueller et de ses disciples… »

 

 

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

 

L.M. : D’ici trente ans, selon le monde muskien, il est probable que la navigation spatiale fera partie de notre quotidien. Avec la réutilisation des fusées et son corollaire, la réduction du prix du vol spatial, Elon Musk entend faire de l’espace circumterrestre une « deuxième atmosphère ». Autrement dit, les vols suborbitaux habités deviendront aussi banals que les actuels vols stratosphériques. Autre tendance, ce que j’appellerais « la techno-écologie », autrement dit la réconciliation entre le progrès technologique et le respect de l’environnement. Dans cette optique, Elon ne jure que par « l’après-pétrole ». Non seulement ses voitures électriques devraient se substituer aux véhicules thermiques, mais un mode de transport révolutionnaire devrait à la fois sonner le glas du rail et de l’avion subsonique. Trop bruyant, trop polluant et trop cher, l’aéronef appartiendra bientôt à des temps révolus. L’avenir, c’est Hyperloop, un transport futuriste s’affranchissant à la fois du bruit, du climat et de la pollution. Hyperloop ? Un train se propulsant à la vitesse de l’avion et qui serait utilisée avec la fréquence du métro. L’engin révolutionnaire se présente comme un curieux croisement entre le Concorde et un canon à propulsion électromagnétique qui n’utiliserait pas les rails mais serait propulsé par un champ magnétique circulant dans un double tube couvert de panneaux photovoltaïques. Si tout se passe selon le calendrier prévu, la première ligne devrait ouvrir ses portes en Inde en 2028. Même si cette date n’est pas respectée, la réalisation de l’Hyperloop se fera tôt ou tard. C’est la logique du progrès et de l’histoire…

 

 

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

 

L.M. : Je lui recommanderais de garder une âme d’enfant et de pionnier. Cet entrepreneur hors normes n’est pas un inventeur, à l’exemple d’Edison, mais un explorateur des possibles, mariant allégrement la science et l’imaginaire, le pragmatisme et l’audace, l’ingéniosité et l’ingénuité. Certes Elon Musk a des défauts. D’aucuns dénoncent sa mégalomanie, son irascibilité chronique ou encore sa vulgarité et son excentricité. « Il jure comme un matelot, y compris en présence des femmes et des enfants » raconte un salarié de Tesla. Il est aussi intraitable avec ses employés qui le déçoivent, exigeant en permanence la ponctualité, l’efficacité, la discipline et la persévérance. Mais là ne réside pas l’essentiel de l’univers muskien. Elon Musk, c’est avant tout un travailleur acharné qui croit à ses rêves. Il ne démissionne jamais devant l’adversité et ses échecs renforcent sa détermination. L’argent en soi ne l’intéresse pas, seule la réalisation technologique de son projet l’obsède. Avant d’accéder sur la plus haute marche du podium des milliardaires, cet homme au visage d’enfant, originaire d’Afrique du Sud, n’a pas hésité à quitter son pays et à effectuer des travaux très durs pour des salaires de misère. Tour à tour ouvrier du bâtiment, artiste de rodéo et bûcheron, il a nettoyé des chaudières à pulpe de bois dans une scierie à Vancouver. Alors âgé de 18 ans, pour un salaire dérisoire de 18 dollars l’heure, le jeune Elon a travaillé pendant plusieurs jours accroupi toute la journée au fond d’un trou aussi exigu que crasseux, pour en extraire de la boue, du sable et du paillis fumant au milieu d’une chaleur infernale. Un travail à haut risque, quand on sait que la chaudière en question se limitait à un petit tunnel servant à la fois d’entrée et de sortie. En bref, Elon est un héros moderne qui s’est forgé tout seul au moyen de sa seule volonté.

 

 

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

 

L.M. : Probablement un livre sur le futur de la conquête de l’espace en général, et celle du système solaire en particulier. Car je suis convaincu, à l’image d’Elon Musk, que nous vivons encore dans la préhistoire de l’exploration du Cosmos. Elon le dit le premier, Mars n’est pas un aboutissement mais la première étape d’une longue colonisation des astres du Système Solaire. Les satellites qui entourent Jupiter et Saturne apparaissent ainsi comme de nouvelles terres en gestation aussi mystérieuses que captivantes. Les volcans cracheurs de soufre d’Io ou l’océan caché d’Encelade nous réservent certainement des pages d’anthologie dans notre future exploration du Cosmos. Mieux encore, mais elles apparaissent encore plus inaccessibles avec nos moyens actuels, les exoplanètes que nous avons récemment débusqué autour des étoiles proches sont aussi autant de mondes à explorer et de terres à découvrir. D’aucunes pourraient même être habitables. Certes le débarquement sur ses planètes lointaines n’est pas pour demain. A la vitesse de nos engins les plus rapides, à l’exemple des sondes Voyager, plus de 70 000 ans seraient en effet nécessaires pour relier l’étoile la plus proche, à savoir le système d’Alpha du Centaure. Voyez-vous, nous n’avons pas fini de parler de la conquête de l’espace. « A l’échelle du Cosmos disait Pierre Teilhard de Chardin, seul le fantastique a des chances d’être vrai ». Une remarque qui illustre on ne peut mieux mon état d’esprit…

 

 

Merci Luc Mary

 

 

Merci Bertrand

 

 

Le livre : Elon Musk, l’homme qui invente notre futur, Luc Mary, L’Archipel, 2021.