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Ce qui compte, ce n’est pas de tout maîtriser, mais d’oser commencer

Et si une bonne organisation était la clé pour alléger notre quotidien ? Avec S’organiser en se libérant de sa charge mentale, Romain Bisseret propose un manuel accessible et illustré pour retrouver de la clarté dans un monde saturé de sollicitations. Il nous explique son approche.

Bonjour Romain Bisseret, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

Romain Bisseret : J’ai ressenti le besoin d’écrire ce livre à un moment où, autour de moi, la charge mentale liée à nos différentes activités (pro ou perso) semble exploser. J’ai longtemps observé que, malgré la profusion de méthodes, de conseils et de livres business, il manquait souvent un ouvrage simple et pratique pour que chacun s’approprie les fondamentaux d’une bonne organisation. Ce livre, c’est ma réponse : proposer un manuel accessible, illustré, pratique, qui donne des clés concrètes pour avancer, à son rythme, en fonction de ses propres besoins.

Je l’ai écrit maintenant parce que je crois sincèrement (pour l’expérimenter moi-même et le constater chez les praticiens de la méthode) qu’une bonne organisation qui élimine la charge mentale rend la vie meilleure.

Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

R.B. : Le livre a été conçu comme un manuel, donc il n’y a pas vraiment une page qui me représente plus qu’une autre. Mais si je devais choisir une partie qui incarne le “pourquoi” de ce projet, ce serait la section “Démarrage rapide”. J’y propose une mise en œuvre des fondamentaux en quelques étapes simples, pour que chacun puisse se lancer sans attendre, sans se sentir submergé.

C’est cette envie de rendre les choses accessibles, de donner à chacun la possibilité de tester, d’expérimenter, qui me ressemble le plus. Ce qui compte, ce n’est pas de tout maîtriser, mais d’oser commencer, d’oser essayer. Cette philosophie du petit pas, du progrès concret, traverse tout l’ouvrage.

J’ai eu des critiques sur le livre, de personnes qui me disaient « ça ne me va pas », ou « c’est évident » ou « je ne suis pas comme ça ». Le point commun de toutes ces critiques ? Aucune de ces personnes n’a mis en pratique, aucune n’a même essayé. Elles sont restées à la seule lecture, à la compréhension intellectuelle. Or c’est une méthode qui se comprend par la pratique. En fait, sans mauvais jeu de mot, c’est même davantage une pratique (praxis) qu’une méthode.

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

R.B. : Parmi celles qui émergent à peine, ce qui limite beaucoup la flopée de tendances actuelles et élimine de fait tout ce qui touche à l’IA, je crois justement à cette petite voix d’une approche plus humaine et plus « low tech », à cette approche qui dit « la méthode mange l’outil au petit déjeuner ».

Je ne sais pas à quel point l’IA pourra nous aider à terminer nos différentes tâches, toutes activités confondues, mais je pense que je n’aimerais pas du tout avoir une IA qui décide pour moi de mes prochaines actions.

Enfin, je crois à la nécessité de réconcilier performance et bien-être, d’arrêter d’opposer efficacité et épanouissement. Pour moi, si le monde professionnel n’a aucune responsabilité vis-à-vis de ma recherche du bonheur, il ne me semble pas nécessairement devoir se mettre en travers pour autant. On passe tellement de temps à faire tout un tas de choses, si je peux aider à rendre cela plus confortable et plaisant, c’est gagné.

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

R.B. : Faites confiance au process. Il n’est pas sorti du chapeau mais de l’étude et de l’observation sur des milliers de personnes et tient compte des résultats de beaucoup d’études scientifiques. Faites avant d’essayer de comprendre.

Je sais que pour certaines personnes, c’est contre-intuitif. On a souvent tendance à attendre le “bon moment”, à vouloir tout comprendre avant de se lancer alors que c’est en testant, en ajustant, en acceptant de ne pas tout réussir du premier coup, qu’on progresse vraiment. C’est souvent dans l’action, même imparfaite, que naissent les plus belles évolutions.

Et acceptez aussi la réalité qui fait que vous avez beaucoup plus de choses à faire que vous n’aimeriez en avoir l’impression. Toutes les prochaines actions que vous allez identifier existent déjà là maintenant, vous n’allez rien inventer, vous allez mettre en lumière. Et c’est cette mise en lumière de ce qui était auparavant caché au fond de votre mémoire qui va vous libérer.

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

R.B. : Le rapport entre organisation et créativité. J’ai très envie d’explorer comment nourrir une fibre artistique et retrouver des moments de création dans un quotidien bien rempli, entre travail, famille et obligations.

Je crois qu’il est possible de réconcilier organisation et inspiration, de s’offrir des espaces pour inventer, imaginer, même quand on pense ne pas avoir le temps. Pour moi, il n’y a aucun liberté dans l’absence de contrainte, tous les projets créatifs suivent des règles ; ne pas avoir de règle, c’est déjà une règle.

C’est ce lien entre structure et liberté, entre rigueur et élan créatif, qui m’inspire pour la suite et que je vais commencer à explorer sur ma chaîne YouTube (@levimensa).

Merci Romain Bisseret

Merci Bertrand Jouvenot

Le livre : S’organiser en se libérant de sa charge mentale, Romain Bisseret, Levimensa, 2025.