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Le stress n’est pas un ennemi, c’est une ressource

Dans Apprivoiser le stress et en faire un allié, Pascale Reinhardt et Bruno Adler proposent un guide pratique pour transformer la pression quotidienne en énergie constructive. Une approche incarnée, riche en outils concrets, au croisement de la pleine conscience et de la psychologie positive.

 

Bonjour Pascale Reinhardt, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

Pascale Reinhardt : Pourquoi avoir écrit Apprivoiser le stress et en faire un allié… maintenant ? Parce que c’était le bon moment ! Une demande d’éditeur, la confiance du directeur de la collection « Human Skills » de Pearson, une envie d’écrire à nouveau (c’est le quatrième), et la joie de collaborer avec mon compère Bruno Adler, expert en psychologie positive et « Libérateur d’Energie ».  Il est sorti le 14 février 2025, un joli jour d’amour pour parler d’apprivoisement et d’alliance !

Cela fait 25 ans que je me m’appuie sur le développement la paix intérieure et la connexion profonde à soi pour travailler avec mes clients coachés, et résoudre aussi des difficultés privées… C’est un fil rouge dans ma vie, une quête aussi intime que professionnelle. Depuis des années, je collecte, teste, adapte des outils, des idées, des approches pour aider chacun à faire de son stress non pas un ennemi, mais une ressource.

Écrire ce livre, c’est rassembler tout cela. Un recueil vivant de fiches, de pratiques, de réflexions nourries au fil du temps — et enrichi de lectures sur des outils et recherches récentes qui m’ont enthousiasmée. Écrire me plaît, me canalise, me nourrit. Mais publier un livre, c’est autre chose. Avec l’intention de ne pas faire le Xieme livre pour briller, mais un outil pour aider. Une gageure, un saut. Il fallait un déclic !

Ce déclic, ça a été la joie de collaborer avec mon compère Bruno Adler, expert en psychologie positive, qui a su apporter une rigueur joyeuse et une énergie d’action à ce projet. Ensemble, nous avons voulu un livre utile, simple, accessible, avec des exercices concrets, des liens audio pour s’entraîner, et une lecture libre, non linéaire, au gré des besoins.

Aujourd’hui, dans un monde qui nous presse, nous disperse, nous fatigue, nous voulions offrir un espace pour souffler, pour se retrouver. Pour transformer la pression en mouvement. Le stress comme allié ? On y croit fort !

Une page ou un passage du livre qui vous représente le mieux ?

Respirer, c’est déjà agir

Quand tout s’emballe, que le mental galope et que le corps se crispe, je reviens à la base : respirer. Pas pour fuir. Pour revenir. La respiration, c’est le fil d’Ariane entre le monde et moi, entre le bruit dehors et ce qui bruisse en moi. Inspirer… Je me relie. Expirer… Je relâche. Respiration et méditation font partie des pratiques les plus efficaces pour une bonne santé physique et mentale, réductrice du distress, le « mauvais stress, celui qui nous bloque, et aller vers l’eustress, le stress génératif.

Pendant longtemps, j’ai cru qu’il fallait “gérer” son stress, comme on gère un budget ou une entreprise. Aujourd’hui, je sais qu’il s’agit d’apprivoiser. D’apprivoiser ses sensations, ses pensées, ses besoins. C’est une danse, pas une lutte.

Le livre, c’est une invitation à cette danse. Pas à pas, souffle après souffle, pour que chacun retrouve son axe, son rythme, sa voix.

Car il s’agit d’activer Einstein pour endormir Cro-Magnon.. Les pratiques de respiration profonde stimulent le système vagal ventral (qui favorise les capacités sociales et les interactions saines) et « endormir » les systèmes archaïques qui conduisent au figement ou au combat/fuite. Respirer avec régularité est particulièrement bénéfique pour la prévention du distress, comme antidote immédiat. Plus on pratique la respiration, moins on « part en vrille » inutilement.

Tout au long du livre, ces propositions vous invitent à essayer, et choisir ceux ou celui qui vous aidera dans les moments difficiles. Quelle que soit la méthode de respiration consciente choisie, elles aideront à activer votre système parasympathique et favoriseront la production de neurotransmetteurs bénéfiques – on passera alors du distress, celui qui nous met en arrêt, à l’eustress, celui qu’on peut utiliser pour agir, pour changer, pour être dans son flow.

Voici quelques propositions glanées au fil du livre, qui sont toujours accompagnées d’exemples, d’histoires vécues, et d’exercices pratiques (avec QR codes pour écouter des méditations guidées). Bonne dégustation !

  • Dans la méditation du balayage corporel (Body Scan), racontée en QR Code, vous serez invité à parcourir doucement toutes les parties de votre corps, en « respirant » à travers elles pour les ressentir.
  • La méditation STOP

1. Stopper : J’arrête de gamberger !

2. Respirer, mais aussi Transmuter : Je pratique quatre à cinq respirations abdominales profondes. Je peux mettre ma main sur mon ventre et le sentir s’élever et s’abaisser.

3. Observer : J’identifie les sensations dans mon corps, les émotions et les pensées. Qu’est-ce qui est présent en moi, juste maintenant ?

4. Process : Je décide de l’action – ou de la non-action à mener.

  • La cohérence cardiaque est une pratique de respiration apaisée qui aide à la régulation de l’humeur. Se concentrer sur sa respiration, inspirer calmement par le nez pendant 5 secondes et expirer doucement par la bouche pendant 5 secondes. Ce cycle de respiration profonde sera répété 5 minutes. Plusieurs fois par jour..
  • La respiration carrée ou 4×4 est un autre des exercices chaudement recommandés =  inspirer pendant 4 secondes, bloquer pendant 4 secondes, expirer pendant 4 secondes, et bloquer à nouveau pendant 4 secondes, répété dix fois. Compter mentalement aide à maintenir le rythme de 4 secondes par étape.
  • On peut envisager d’utiliser une ceinture abdominale qui, grâce à des impulsions sur l’abdomen, nous appellent à une pratique de respiration régulière pendant au moins vingt minutes par jour.

Quelles sont les tendances émergentes auxquelles vous croyez le plus ?

P.R. : Et si on changeait de lunettes pour voir le monde autrement ?

Ce n’est pas vraiment une idée nouvelle, mais j’en suis convaincue : pour sortir de la spirale destructrice dans laquelle nous nous enlisons, il est indispensable de penser en termes de systèmes. C’est-à-dire : arrêter de traiter les problèmes un par un, comme s’ils n’étaient pas liés… et commencer à les regarder dans leur ensemble, dans leurs interactions, leurs boucles de rétroaction, leurs effets en cascade.

C’est ça, la pensée systémique. Une approche globale, holistique, synthétique (appelez-la comme vous voulez !) qui permet de comprendre les phénomènes complexes – qu’il s’agisse de dynamiques familiales, de fonctionnement d’entreprise, de politiques nationales ou même de notre propre équilibre intérieur.

Car que l’on parle de climat, d’économie, de relations humaines ou de notre lien à la nature, une chose est claire : les solutions durables viendront de visions d’ensemble, de stratégies pensées “du dessus”, et non de rustines posées à la va-vite.

On rêve de sortir de la folie de la croissance infinie, des conflits permanents, de la toute-puissance de la finance, de l’exploitation aveugle des ressources – qu’il s’agisse du travail humain, de la terre ou de notre temps de cerveau disponible. Et pourtant, peu de décideurs semblent vraiment prêts à penser autrement.

Heureusement, de nombreux scientifiques et économistes tirent la sonnette d’alarme et nous rappellent que la circularité, la compréhension des systèmes et la résilience collective sont non seulement des pistes… mais sans doute les seules vraiment viables à l’échelle de la planète.

Personnellement, je crois aux regards croisés, à la décroissance choisie, à la créativité collective… et je vous invite à écouter Arthur Keller, enseignant à Supélec et spécialiste des risques systémiques. Il explique brillamment comment transformer les effondrements en opportunités de métamorphose.

Podcast France Inter – En quête de politique, 11 mai 2025

Quel est votre conseil au lecteur, à la lectrice ?

P.R. : Respire, pratique la pleine conscience, sois persuadé que le choix existe toujours.

Reste conscient de tes actes et de leur portée. Ma phrase favorite, depuis longtemps, est « un homme, ça s’empêche », de Camus  (Le Premier Homme). Celui qui ne « s’empêche » pas n’est pas tout à fait humain.. et notre condition humaine nous contraint à choisir, en permanence, entre le refus ou la compréhension de l’inacceptable.

Un prochain sujet qui vous passionne ?

P.R. : Et si la nature nous montrait le chemin… pour mieux collaborer ?

Depuis longtemps, j’aime utiliser les systèmes vivants comme métaphore (et source d’inspiration concrète) pour repenser nos façons d’agir ensemble. La nature coopère, recycle, s’adapte, régule, ralentit, rebondit. Pourquoi pas nous ?

C’est dans cet esprit que je m’apprête à joindre mes forces à celles de coachs québécois engagés, qui ont développé un modèle solide et organique pour aider les organisations à devenir plus robustes, conscientes et pérennes.

Rien de vraiment nouveau — et c’est tant mieux ! Revenir à des logiques naturelles, simples, interconnectées, pourrait bien être notre meilleur pari pour affronter les défis d’aujourd’hui.

J’ai déjà eu le plaisir d’explorer ces pistes lors d’ateliers et de conférences, notamment autour de la « permaculture de soi » (clin d’œil à Le 7e Jour avec Bernard Dubois). L’idée ? Transposer les principes du jardinage durable… à notre propre écosystème intérieur :

  • Observer sans juger
  • Agir avec ce qui est là, en le régénérant
  • Intégrer sans surcharge
  • Nettoyer, clarifier
  • Cultiver la sobriété et célébrer les récoltes

Cette approche, à la fois poétique et ancrée dans le vivant, permet de mieux comprendre les dynamiques de croissance, de coopération et de résilience — chez les personnes comme dans les organisations.

Et en ce moment, ce qui me semble vraiment puissant, ce sont des outils sensoriels et concrets :

Bains de forêt,

Coaching en marchant,

…et même une journée de coaching d’équipe les mains dans la terre, lors d’un chantier participatif de jardin partagé. Un grand moment de lien, suivi d’un débriefing… hautement métaphorique.

Et si on réapprenait à faire équipe comme un écosystème ?

À bientôt, peut-être, sur un chemin de forêt ou autour d’un compost !

Merci Pascale Reinhardt

Merci Bertrand Jouvenot

Le livre : Apprivoiser le stress et en faire un allié, Pascale Reinhardt & Bruno Adler, Pearson, 2025.

Pour en savoir plus sur Pascale :

Podcastics, son « Parcours de Coach »

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