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e-santé : du digital à s’en rendre malade !

La suprématie de la médecine occidentale sur la médecine orientale pourrait venir à s’inverser. Contre toute attente, le digital pourrait largement contribuer à faire glisser notre médecine (essentiellement curative) vers une approche préventive, propre aux médecines asiatiques, indiennes ou d’ailleurs. Diagnostic.

 

Le secteur de la santé américain est doublement surprenant pour un Européen ou un Français qui en a fait l’expérience. Tout d’abord, parce qu’il pèse un sixième du poids de l’économie des Etats-Unis. Ensuite, parce que les hôpitaux sont encore davantage encombrés de fax, de formulaires papier à remplir au crayon à mine et de process vétustes… que de digital. Pourtant, l’enjeu est de taille !

La bonne nouvelle est que les données qu’utilisent les start-up américaines du secteur de la santé leur ont permis de lever quatre fois plus de fonds en 2014 qu’en 2010 par exemple. La dynamique est là. Et la France emboîte le pas des États-Unis.

Tout a commencé par les fitness trackers qui permettent à leurs utilisateurs de collecter une grande quantité de données, de signaux vitaux, destinés à alerter simultanément le patient et son médecin en cas d’anomalies. Les experts les plus optimistes affirment qu’il ne faudra pas beaucoup de temps avant que chacun d’entre nous puisse faire de même, hors des salles de fitness cette fois-ci, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Ainsi, nos médecins disposeront de données leur apportant un niveau de précision et de détail, au moins complémentaire, si ce n’est supérieur aux informations recueillies ordinairement lors d’un diagnostic classique, occasionnel, basé sur un jeu de questions/réponses dans lequel le patient n’est pas toujours en mesure d’être suffisamment précis sur l’intensité de la douleur, sa fréquence si elle n’est pas permanente, le moment de sa première manifestation, sa corrélation avec un niveau de fatigue ou de stress, sa conjonction avec d’autres facteurs externes, etc.

Mieux, un système comme celui-ci pourrait fournir à chaque médecin l’occasion de mieux évaluer la santé de son patient par rapport à l’historique de données de sa santé, de se renseigner sur l’efficacité des traitements qui ont agi favorablement sur des patients partageant les mêmes caractéristiques physiologiques et montrant les mêmes symptômes, d’ aider les chercheurs à repérer les épidémies ou mieux comprendre le développement ou l’évolution de maladies.

Des siècles, voire des millénaires après l’inventions des médecines préventives, appartenant à des traditions séculaires, tels que le chi gong chinois, l’ayurvéda indienne ou certaines formes de yoga, la médecine occidentale davantage curative pourrait entrer dans une nouvelle ère dans laquelle les données cumulées sur les patients pourraient permettre aux médecins de prévenir les maladies plutôt que de les guérir. Le digital convertirait alors notre médecine curative en une médecine préventive. Dans un pays comme les Etats Unis, où le mauvais traitement des pathologies représente à lui seul 30% des dépenses de santé, cette mutation serait non seulement culturelle mais également économique.

Une opportunité identifiée aussi par McKinsey qui, dans une étude parue en 2015 intitulée Unlocking the Potential of internet Of Things, estimait que cette nouvelle économie de la santé, basée finalement sur le monitoring des données, pourrait représenter jusqu’à un trillion de dollars en 2025.