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Faut-il aborder sa carrière comme un champion d’ultimate

Frank Shamrock, l’une des légendes vivantes du Mix Martial Arts a également mis au point une méthode de préparation des combattants transposable en entreprise et au quotidien. Remporterez-vous la victoire sur vous-même ?

 

 

Une légende vivante

 

Frank Shamrock est un champion américain de combat libre. Une enfance difficile qu’il raconte dans son livre poignant Uncaged l’a conduit plusieurs fois en prison. Puis repris en main, par Bob Shamrock son père adoptif, le combat libre qui voyait alors le jour le sauvera. Il a été le premier à remporter le Championnat des poids moyens de l’UFC (le tournoi de référence), quatre fois champion et invaincu en titre. Frank Shamrock a également remporté de nombreux titres dans d’autres tournois d’arts martiaux. Il demeure le seul athlète de l’histoire à détenir des titres dans chacune des ligues de combats sportifs majeures.

Frank Shamrock a été nommé « Combattant de la décennie » à la fin des années 1990 par le Wrestling Observer, « Best Full Contact Fighter » par le magazine Black Belt (1998), et trois fois « Fighter of the Year » par Full Contact Fighter Magazine. Il est ceinture noire septième dan.

Auteur, entrepreneur, philanthrope et activiste social, il a également été commentateur technique pour Showtime Networks, Bellator MMA, Glory Kickboxing et Combate America’s.

 

Une méthode : Plus, Minus, Equal

 

Frank Shamrock a surtout mis au point une méthode d’entrainement au combat appelé Plus, Minus, Equal (Plus, Moins, Égal en français). Afin de devenir le meilleur, le champion considère que chacun doit avoir au moins une personne meilleure que soi (Plus) auprès de qui apprendre, une personne moins forte (Minus) à qui apprendre et une personne de son niveau (Equal) à qui se mesurer. Frank Shamrock a toujours veillé à ce que les nombreux champions qu’il a entraînés ou coachés s’entourent d’un tel dispositif.

La vertu du système Plus, Minus, Equal est de recueillir des retours d’expériences en permanence et sous tous les angles. Il permet se savoir ce que l’on sait faire, ce qu’on ne sait pas encore faire et si nous le faisons moins bien, aussi bien ou mieux que les autres.

Son système a aussi comme vertu de canaliser l’ego, ennemi du succès selon Frank Shamrock, puisqu’il aveugle. Et ne pas se connaître, c’est s’assurer de la défaite. Rester un éternel étudiant est donc un principe de vie pour le champion qui a puisé cette idée dans l’esprit mêmes des arts martiaux qu’il a étudié en profondeur pour devenir ce qu’il est.

 

Une trilogie vertueuse

 

Le Plus de la méthode oblige à reconnaître ses limites, a s’entendre dire ce que l’on aime pas entendre, à oser faire confiance à un mentor, à faire de l’humilité un allié. En entreprise, dans le cadre d’une relation managérial ou d’une complicité avec un mentor, c’est le même scénario qui peut se jouer, les blessures du combat libre en moins.

Le Minus de la méthode renforcera la confiance en soi, permettra de se préparer à accepter qu’un jour l’élève dépasse le maître, à évaluer sa propre maîtrise, puisqu’enseigner suppose un stade de connaissance avancé. De retour au travail, il correspondra à la casquette de coach qu’un manager adoptera, au rôle bienveillant de conseil que les uns joueront  auprès des moins expérimentés ou simplement moins bons.

Le Equal permet de mesurer réellement notre capacité à utiliser ce qui a été appris, nos progrès, notre confiance en nous, notre humilité, notre maîtrise de l’ego. De faire face aussi aux combats qui nous sont imposés en entreprises, par des adversaires venus de tous les côtés, entretenant l’entreprise comme lieu de compétition qu’elle a toujours été et semble vouloir ne jamais cesser d’être.

 

 

De l’apparente violence à la non violence, il n’y a qu’un pas. Un pas que franchit aisément Frank Shamrock dans le très bon film qui lui est consacré Bound by Blood (2013) en se laissant aller à pleurer face à la caméra. Illustrant ainsi cette phrase de Gandhi : « Il faut moins de force à un homme pour retenir ses larmes, qu’il ne lui en faut pour pleurer. »

 


Article initialement paru dans Forbes